Publié le 15 mars 2024

L’entraînement des astronautes d’Apollo en Islande n’était pas qu’une simple randonnée dans des paysages lunaires. En réalité, l’île a servi de simulateur géologique et opérationnel complet, transformant des pilotes d’élite en scientifiques de terrain capables de prendre des décisions cruciales sur la Lune. Cet article dévoile les dessous de cette préparation stratégique et vous guide à travers les sites précis qui ont forgé les premiers explorateurs lunaires.

L’image est gravée dans la mémoire collective : une silhouette blanche et pataude fait un bond maladroit sur un sol gris et poussiéreux. En 1969, l’humanité marchait sur la Lune. Mais une question demeure : comment se prépare-t-on à fouler le sol d’un autre monde ? La réponse, aussi surprenante soit-elle, se trouve à quelques heures de vol de l’Europe, au milieu des paysages désolés et grandioses de l’Islande. L’idée commune est que la NASA a choisi cette île pour sa simple ressemblance avec la surface lunaire. C’est une vision réductrice qui passe à côté de l’essentiel.

Et si la véritable raison était plus profonde ? Si l’Islande n’avait pas été un simple décor, mais un véritable laboratoire scientifique et psychologique à ciel ouvert ? La vérité est que ces missions de formation visaient à transformer des pilotes d’exception en géologues de terrain capables d’autonomie. Face à l’inconnu, à 380 000 kilomètres de la Terre, avec un délai de communication qui rendait tout dialogue en temps réel impossible, les astronautes devaient savoir quelle roche collecter, comment décrire une formation géologique et où chercher des indices sur l’origine du satellite. L’Islande était leur salle de classe, leur terrain d’examen final avant le grand départ.

Cet article vous plonge au cœur de cette épopée méconnue. Nous explorerons pourquoi l’Islande était le simulateur parfait, comment les astronautes y ont appris à lire un paysage extraterrestre, et nous vous guiderons sur les sites mêmes de leur entraînement, des lieux où vous pouvez, aujourd’hui encore, marcher sur les traces des pionniers de l’espace.

Pour vous guider à travers cette odyssée terrestre et spatiale, cet article détaille les étapes clés de cette préparation historique et les lieux qui en gardent la mémoire. Explorez les raisons stratégiques derrière le choix de l’Islande, les sites d’entraînement emblématiques et comment vous pouvez, à votre tour, vivre une expérience d’un autre monde.

Pourquoi les astronautes d’Apollo se sont-ils entraînés en Islande ?

Le choix de l’Islande par la NASA dans les années 1960 n’était pas un hasard, mais une décision stratégique mûrement réfléchie. L’objectif n’était pas seulement de trouver un paysage qui « ressemblait » à la Lune, mais de dénicher un simulateur géologique fonctionnel. L’Islande, avec son volcanisme actif, offrait une collection de roches et de terrains (notamment basaltiques) que les scientifiques supposaient très similaires à ceux de la surface lunaire. C’était l’endroit idéal pour former les astronautes à la « géologie de terrain », une compétence jugée vitale pour la réussite des missions Apollo. Au total, selon les archives, ce sont plus de 30 astronautes des missions Apollo qui ont foulé le sol islandais en 1965 et 1967.

L’aspect le plus crucial de cette formation fut la collaboration directe avec des géologues islandais de renom, comme Sigurður Þórarinsson. Ces experts ont guidé les futurs voyageurs de l’espace à travers les champs de lave et les cratères, leur apprenant non pas à voir un paysage, mais à le lire. Ils leur ont enseigné à distinguer les différents types de lave, à comprendre la formation des structures volcaniques et à sélectionner les échantillons de roche les plus pertinents. Cet entraînement visait à développer une autonomie scientifique totale. Sur la Lune, chaque gramme de roche rapporté coûtait une fortune, et le choix ne pouvait être laissé au hasard. Les astronautes devaient être les yeux et les mains des scientifiques restés sur Terre.

Cette préparation intensive a transformé des pilotes d’essai en explorateurs scientifiques. Ils ont appris à documenter leurs observations avec une rigueur de géologue, à utiliser les outils de collecte et à communiquer leurs découvertes de manière claire et précise. L’Islande a donc été bien plus qu’un décor : elle fut le creuset où s’est forgée la compétence qui a permis de ramener 382 kg de roches lunaires, dont l’analyse a révolutionné notre compréhension du système solaire.

Marcher sur un champ de lave : l’expérience la plus proche d’une sortie sur une autre planète

Fouler un champ de lave islandais est une expérience sensorielle déroutante. Le sol, sous les pieds, n’est ni stable, ni prévisible. Il craque, s’effrite, et chaque pas doit être calculé. C’est précisément cette instabilité que la NASA recherchait. Les champs de lave « aa » (prononcé « ah-ah »), avec leur surface chaotique de blocs acérés et coupants, simulaient parfaitement les difficultés de déplacement que les astronautes rencontreraient avec une combinaison pressurisée limitant leur mobilité et leur vision. Marcher dans ces conditions n’est pas une simple randonnée, c’est un exercice constant de gestion de l’équilibre et d’évaluation des risques.

Personne en combinaison technique marchant sur un terrain de lave noire accidenté en Islande

Au-delà du défi physique, l’environnement visuel jouait un rôle clé dans la préparation. Les vastes étendues de sable noir et de roche volcanique créent un paysage monochrome, presque sans repères. C’est une simulation parfaite pour s’entraîner à la navigation dans un environnement extraterrestre. Comment s’orienter quand l’horizon est une ligne abstraite et que chaque formation rocheuse ressemble à la précédente ? Les astronautes devaient apprendre à mémoriser des détails géologiques spécifiques — une fissure particulière, un type de roche distinct — pour cartographier mentalement leur parcours. Le silence, souvent absolu dans ces déserts minéraux, ajoutait une dimension psychologique à l’isolement, préparant les esprits à la solitude de l’espace.

Cette immersion totale permettait de roder des procédures opérationnelles essentielles. Les astronautes s’exerçaient à communiquer leurs observations, à décrire des terrains inconnus à un contrôle de mission distant, et à manipuler leurs outils de collecte dans des conditions difficiles. L’Islande n’était pas seulement un lieu pour « apprendre à marcher », mais pour apprendre à « travailler » sur un autre monde. Chaque caillou retourné, chaque description de strate était une répétition pour le jour J.

Mývatn : le guide de la région la plus étrange et la plus « extraterrestre » d’Islande

Si un lieu en Islande incarne le concept de « paysage d’un autre monde », c’est bien la région du lac Mývatn. Ce n’est pas un site unique, mais une mosaïque de phénomènes géologiques si variés et si étranges qu’elle a servi de véritable terrain de jeu éducatif pour les astronautes d’Apollo. Chaque site autour du lac était une leçon de géologie planétaire appliquée. D’ailleurs, la pertinence de ces sites est telle qu’ils sont encore utilisés aujourd’hui, comme le souligne Trevor Graff, géologue pour le programme Artemis de la NASA :

Nous utilisons les mêmes outils et techniques en Islande que ceux des missions Apollo.

– Trevor Graff, Géologue d’exploration, équipe scientifique Artemis, NASA

Pour comprendre la valeur de Mývatn, il faut voir la région comme un catalogue de formations planétaires. Les astronautes n’y faisaient pas du tourisme, ils suivaient un programme intensif. Pour synthétiser la richesse de ce simulateur naturel, le tableau suivant, basé sur les données de guides spécialisés sur la géologie islandaise, résume le rôle de chaque site majeur :

Rôle pédagogique des sites d’entraînement de Mývatn
Site Type de formation Analogie spatiale
Hverir Fumerolles et zones géothermiques Analyse du dégazage planétaire
Dimmuborgir Formations de lave solidifiées Navigation en terrain chaotique
Hverfjall Cratère volcanique Étude des cratères (différence avec cratères d’impact)
Skútustaðir Pseudo-cratères Compréhension des interactions lave-eau

Visiter Hverir, avec ses marmites de boue bouillonnante et ses fumerolles sifflantes, c’était apprendre à identifier des signes d’activité géothermique, une compétence utile pour analyser d’éventuels phénomènes similaires sur d’autres corps célestes. Se perdre dans le labyrinthe de lave de Dimmuborgir était un exercice de navigation extrême. Grimper sur le cratère parfaitement circulaire de Hverfjall permettait de comprendre la différence fondamentale entre un cratère d’explosion volcanique et un cratère d’impact météoritique, une distinction capitale pour interpréter la surface lunaire. Enfin, les pseudo-cratères de Skútustaðir illustraient un phénomène spécifique : l’explosion de vapeur générée par la rencontre de la lave et de l’eau, un processus qui pourrait expliquer certaines formations sur Mars.

Askja : l’expédition au cœur des paysages où les astronautes ont marché

Plus encore que Mývatn, la caldeira d’Askja, perdue au cœur des Hautes Terres désertiques, représentait le simulateur ultime. Atteindre Askja est une expédition en soi, nécessitant de traverser des déserts de sable noir et de franchir des rivières glaciaires. Ce voyage n’est possible que durant une très courte fenêtre estivale, car le parc national du Vatnajökull où elle se trouve n’est accessible que 3 mois par an seulement. Cet isolement géographique était un atout majeur pour la NASA, car il permettait de simuler une autre dimension cruciale d’une mission spatiale : la préparation psychologique à l’isolement extrême. Une fois sur place, le sentiment d’être coupé du monde est total, une sensation que les astronautes devaient apprendre à maîtriser.

Le site lui-même est d’une beauté austère et écrasante. La caldeira principale, un immense amphithéâtre né de l’effondrement d’un volcan, abrite un lac d’un bleu profond, Öskjuvatn, et un plus petit cratère rempli d’une eau laiteuse et tiède, Víti. C’est dans ce décor, entouré de falaises noires et de champs de lave comme celui d’Holuhraun, que s’est déroulé l’un des volets les plus importants de l’entraînement. Comme le confirment les archives des missions, l’objectif était double :

Durant les années de conquête spatiale, les astronautes de la NASA s’entraînaient sur le site d’Askja pour simuler non seulement la marche sur la Lune, mais aussi l’isolement psychologique. La caldeira et les champs de lave environnants comme le Holuhraun offraient un décor lunaire composé de montagnes abruptes, de falaises noires et de profonds canyons, créant cette sensation d’être véritablement coupé du monde terrestre.

– Anonyme, via Serial-Trotter

Ici, les astronautes devaient mettre en pratique tout ce qu’ils avaient appris. Ils devaient cartographier le terrain, prélever des échantillons de ponce (une roche volcanique très légère) et décrire les formations avec une précision scientifique. Le paysage, dépourvu de végétation et balayé par les vents, était si étranger à leur expérience terrestre qu’il forçait une concentration et une discipline mentale absolues. Aujourd’hui, se tenir au bord du cratère Víti et contempler l’immensité silencieuse de la caldeira, c’est toucher du doigt ce que ces hommes ont pu ressentir : un mélange de fascination, d’humilité et de solitude profonde.

Même sur la Lune, il y a de la vie : la flore cachée des déserts volcaniques islandais

L’une des missions fondamentales de l’exploration spatiale est la recherche de vie, même sous sa forme la plus simple. Paradoxalement, c’est dans les déserts volcaniques islandais, apparemment stériles, que les astronautes d’Apollo ont reçu une leçon cruciale sur la résilience de la vie. En observant les champs de lave, ils ont pu voir de leurs propres yeux un processus de « terraformation » naturelle à l’œuvre. Sur une roche noire, nue et initialement sans vie, de minuscules pionniers verts et gris commencent une lente colonisation : les mousses et les lichens.

Gros plan de mousse verte et de lichens colonisant une surface de lave volcanique noire

L’exemple le plus spectaculaire est celui du champ de lave d’Eldhraun, créé par l’une des plus grandes éruptions de l’histoire en 1783. Aujourd’hui, ce désert de rocaille est recouvert d’un tapis de mousse extraordinairement épais et doux, dominé par l’espèce Racomitrium lanuginosum. Cette mousse est une véritable ingénieure d’écosystème. Elle s’accroche à la roche, retient l’humidité et, au fil des siècles, crée une fine couche de sol qui permettra à d’autres plantes de s’installer. Pour un astronaute, observer ce phénomène, c’est comprendre concrètement comment la vie peut s’implanter sur un substrat minéral brut.

Étude de cas : Racomitrium lanuginosum, la mousse qui conquiert la lave

La mousse Racomitrium lanuginosum est l’une des premières formes de vie à coloniser les champs de lave islandais. Après l’éruption de 1783-1784 qui créa le champ d’Eldhraun, cette mousse a progressivement recouvert 564 km² de lave solidifiée. En près de 250 ans, elle a transformé un désert minéral en un tapis vert et doux, démontrant comment la vie peut coloniser un substrat initialement stérile. Ce processus est une fascinante analogie de terraformation naturelle, une leçon vitale pour la recherche de biosignatures sur d’autres planètes.

Cette leçon visuelle était inestimable. Elle entraînait l’œil des astronautes à chercher des « anomalies » biologiques, des taches de couleur, des textures inattendues sur un fond minéral. Bien que la Lune se soit révélée stérile, cette compétence est devenue fondamentale pour les missions martiennes, où la recherche de fossiles de micro-organismes est un objectif majeur. Marcher sur les mousses d’Eldhraun, c’est réaliser que même les paysages les plus hostiles peuvent abriter les prémices de la vie.

Les 4 types de paysages volcaniques à voir en Islande (sans risquer sa vie)

L’Islande est un musée du volcanisme à ciel ouvert. Pour le voyageur fasciné par la mission Apollo, reconnaître les différents types de paysages volcaniques, c’est apprendre à parler le même langage visuel que les astronautes. Inutile d’être géologue pour apprécier ces formations ; il suffit d’ouvrir les yeux et de comprendre ce que l’on voit. On peut classer la majorité des paysages « lunaires » accessibles en Islande en quatre grandes catégories, chacune ayant présenté un défi spécifique pour l’entraînement.

Le premier type est la plaine de sable noir (sandur). Ces vastes étendues, comme celles de la côte sud, sont formées par les sédiments transportés par les crues glaciaires (jökulhlaups). Leur monotonie et leur absence de relief en font des lieux parfaits pour tester l’orientation sans repères traditionnels. Le deuxième est le champ de lave « aa », déjà mentionné. Rugueux, chaotique et coupant, il représente le défi ultime pour la progression à pied. Le troisième est le volcan-bouclier. Avec leurs pentes douces et très étendues, comme le Skjaldbreiður, ils posent un problème d’évaluation des distances et de l’effort, car la progression semble interminable. Enfin, les caldeiras effondrées, comme Askja ou Krafla, sont des dépressions circulaires massives qui simulent les grands cratères d’impact lunaires et constituent des sites d’étude géologique parfaits.

Explorer ces quatre types de terrains, c’est retracer le cursus complet de formation des astronautes. Chaque paysage offre une leçon différente et une nouvelle appréciation de la complexité de l’exploration planétaire. Pour rendre l’expérience plus immersive, vous pouvez même vous lancer de petits défis personnels, inspirés directement des exercices de la NASA.

Votre plan d’action : défis d’astronaute en Islande

  1. Plaines de sable noir (sandur) : Chercher des repères d’orientation dans un paysage monochrome. Fixez un point au loin et tentez de l’atteindre en ligne droite.
  2. Champs de lave aa chaotiques : Tenter de marcher en ligne droite sur 50 mètres. Vous comprendrez immédiatement la difficulté de se déplacer.
  3. Volcans-boucliers aux pentes douces : Évaluer les distances sans points de repère. Estimez le temps qu’il vous faudra pour atteindre un point visible et comparez avec la réalité.
  4. Caldeiras effondrées : Imaginer et documenter un site d’atterrissage sûr. Cherchez une zone plate, stable et intéressante d’un point de vue « scientifique ».

Landmannalaugar ou Kerlingarfjöll : quelle merveille des Hautes Terres choisir pour une première fois ?

Pour le voyageur qui souhaite s’aventurer dans les Hautes Terres d’Islande pour la première fois à la recherche d’une expérience « extraterrestre », deux noms reviennent constamment : Landmannalaugar et Kerlingarfjöll. Bien que tous deux offrent des paysages spectaculaires, ils proposent des analogies planétaires et des expériences sensorielles très différentes. Choisir entre les deux dépend de la « mission » que vous souhaitez simuler.

Landmannalaugar est célèbre pour ses montagnes de rhyolite aux couleurs pastel, allant du rose au jaune en passant par le vert. Le paysage y est plus doux, presque pictural. L’analogie planétaire qui vient immédiatement à l’esprit est Mars, avec ses teintes ocres et ses reliefs érodés. L’expérience est avant tout visuelle, une immersion dans une palette de couleurs que l’on ne pense pas possible sur Terre. C’est un site relativement populaire (en été), l’isolement y est donc plus modéré. C’est le choix idéal pour une première approche des Hautes Terres, offrant des randonnées accessibles au milieu de paysages surréalistes mais accueillants.

Kerlingarfjöll, en revanche, est une tout autre expérience. Plus brut, plus primaire, ce massif volcanique est une zone géothermique très active. Ici, l’analogie planétaire serait plutôt Io, la lune volcanique de Jupiter. L’expérience est multisensorielle : l’odeur de soufre est omniprésente, le sol fume, des sources chaudes bouillonnent et la terre vibre de l’énergie du dessous. Les couleurs sont vives et contrastées — rouge, jaune, blanc — mais elles sont celles de la matière en fusion, pas de la roche érodée. L’isolement y est potentiellement plus grand, et le sentiment d’être sur une planète jeune et en pleine formation est palpable.

Pour vous aider à faire votre choix en fonction de l’expérience recherchée, cette analyse comparative inspirée par les guides de voyage spécialisés met en lumière leurs caractères distincts.

Landmannalaugar vs Kerlingarfjöll : l’expérience extraterrestre
Critère Landmannalaugar Kerlingarfjöll
Analogie planétaire Mars (couleurs rhyolite) Io, lune de Jupiter (activité géothermique)
Expérience sensorielle Visuelle (palette de couleurs) Multi-sensorielle (soufre, sifflements)
Potentiel d’isolement Modéré Élevé
Aspect dominant Paysages doux et colorés Brut et primaire

À retenir

  • Plus qu’un décor : L’Islande n’a pas été choisie pour sa ressemblance avec la Lune, mais comme un simulateur scientifique et opérationnel pour former les astronautes.
  • Objectif autonomie : L’entraînement visait à transformer les pilotes en géologues de terrain capables de prendre des décisions scientifiques cruciales sans l’aide de la Terre.
  • Un héritage vivant : Les sites d’entraînement d’Apollo sont aujourd’hui des destinations de voyage uniques, permettant de marcher sur les traces des pionniers de l’espace.

Islande, terre de volcans : le guide pour comprendre et observer le cœur bouillonnant de la planète

L’héritage des missions Apollo en Islande dépasse largement l’anecdote historique. Il nous offre une nouvelle grille de lecture pour voyager sur cette terre de feu et de glace. Chaque volcan, chaque champ de lave, chaque fissure n’est plus seulement une merveille naturelle, mais un chapitre d’un grand livre de géologie planétaire. Comprendre l’Islande à travers le regard d’un astronaute, c’est comprendre les forces fondamentales qui façonnent les mondes. C’est réaliser que notre planète est vivante, dynamique, et qu’elle contient en elle les clés pour comprendre d’autres corps célestes.

Cette perspective transforme une simple randonnée en mission d’exploration. Observer la différence entre une lave pahoehoe (lisse) et une lave aa (chaotique), c’est apprendre à lire une histoire éruptive. Identifier une obsidienne brillante au milieu d’un champ de ponce, c’est refaire le geste de l’astronaute sélectionnant un échantillon précieux. Vivre quelques minutes de silence absolu dans le désert des Hautes Terres, c’est toucher du doigt l’immensité à laquelle ils se sont préparés. L’Islande est une invitation permanente à devenir un explorateur actif, pas seulement un spectateur passif.

Aujourd’hui, cet héritage se perpétue. Comme le confirme la NASA, l’île n’a rien perdu de sa pertinence pour la conquête spatiale. Les nouvelles générations d’astronautes, celles du programme Artemis qui visent un retour sur la Lune et un voyage vers Mars, continuent de venir en Islande pour tester leurs équipements et affiner leurs techniques. L’île reste un pont entre la Terre et l’espace, un lieu où le futur de l’exploration s’écrit encore. Comme le rappelle un communiqué du programme Artemis, l’aventure est loin d’être terminée :

L’Islande reste un site d’intérêt pour tester de nouvelles technologies pour les futures missions lunaires et martiennes.

– NASA, Programme Artemis

Votre propre voyage en Islande peut ainsi devenir une mission personnelle. Planifiez votre itinéraire non seulement en fonction des cascades et des glaciers, mais aussi de ces paysages bruts qui ont préparé l’un des plus grands exploits de l’humanité. Allez marcher sur la Lune, en plein cœur de l’Atlantique Nord.

Rédigé par Benoît Rocher, Benoît Rocher est un géographe et guide d'aventure avec 15 ans d'expérience sur le terrain, spécialisé dans les environnements volcaniques et glaciaires. Sa connaissance intime des paysages islandais en fait une référence pour comprendre les forces de la nature.