Paysage des Hautes Terres islandaises avec un refuge de montagne isolé au crépuscule

Publié le 12 juillet 2025

En résumé :

  • La réservation des refuges des Hautes Terres doit être faite des mois à l’avance en raison d’une très forte demande estivale.
  • Une préparation rigoureuse est non négociable : équipement adapté, connaissance de l’itinéraire et condition physique sont essentiels.
  • Le choix entre refuge et tente dépend d’un arbitrage entre confort, coût et flexibilité face aux conditions extrêmes.
  • Adopter un comportement responsable est crucial pour préserver l’écosystème fragile de ce sanctuaire sauvage.

Les Hautes Terres d’Islande ne sont pas une simple destination, c’est une confrontation avec la nature à son état le plus brut. Pour le randonneur expérimenté, l’idée d’une traversée de refuge en refuge est le rêve d’une vie, une immersion dans des paysages où la terre respire, fume et se colore de teintes irréelles. Pourtant, ce rêve peut vite se heurter à une réalité intimidante : une logistique complexe, une météo imprévisible et un environnement qui ne pardonne aucune erreur. Cet univers de toundra, de glaciers et de volcans actifs, bien que spectaculaire, est un domaine où l’humilité est la première des compétences.

Ce guide est conçu pour dépasser la simple checklist de matériel. Il s’agit d’adopter la bonne philosophie, celle d’un trekkeur conscient qui aborde cette aventure non pas comme une simple randonnée, mais comme une discipline de l’essentiel. Nous allons décortiquer chaque étape, de la réservation des lits spartiates à l’étiquette à respecter une fois sur place, pour que votre seule préoccupation soit de mettre un pied devant l’autre, en plein cœur du dernier sanctuaire sauvage d’Europe.

Pour ceux qui préfèrent un format condensé, cette vidéo résume l’essentiel des principes de préparation à la grande randonnée, un excellent complément à nos conseils spécifiques à l’Islande.

Pour aborder cette aventure de manière claire et progressive, voici les points clés qui seront explorés en détail dans ce guide.

Le confort rustique des refuges islandais : à quoi faut-il s’attendre ?

Avant de rêver aux paysages, il faut comprendre la réalité des nuits en refuge. Oubliez le luxe ou même le confort d’un gîte alpin classique. Les refuges des Hautes Terres sont des abris fonctionnels, conçus pour offrir sécurité et chaleur dans un environnement hostile. Le mot d’ordre est « basique ». Comme le rappelle le guide de voyage Nordge.fr, les refuges islandais se concentrent sur l’essentiel : « Les refuges islandais offrent un confort basique, souvent avec cuisines collectives et dortoirs, insistant sur la préparation personnelle des repas. » Attendez-vous à des dortoirs communs où les matelas sont souvent collés les uns aux autres. L’espace personnel est minimal, et le sommeil dépendra de la courtoisie de vos voisins.

La plupart des refuges disposent d’une cuisine équipée de réchauds et de quelques ustensiles, mais il est impératif d’apporter votre propre nourriture. L’eau courante est souvent froide, et les douches chaudes, quand elles existent, sont presque toujours payantes et limitées en temps. Cette rusticité n’est pas un défaut, mais une philosophie. Elle force à l’autonomie et à la simplicité, des valeurs au cœur de l’expérience du trek. Cette popularité a un prix : il est courant que les refuges soient complets plusieurs mois avant la haute saison, atteignant un taux de remplissage de 100%.

Comment sécuriser sa place dans un refuge islandais : un processus à anticiper

L’erreur la plus commune serait de croire qu’il est possible d’arriver à l’improviste dans un refuge des Hautes Terres et de trouver un lit. La réalité est bien différente : la réservation est non seulement obligatoire, mais elle doit être effectuée avec une anticipation considérable. La popularité des treks comme le Laugavegur a rendu la compétition pour un matelas extrêmement rude. La première règle d’or est donc de s’y prendre plusieurs mois à l’avance, surtout si vous visez les mois de juillet et août. Les réservations se font principalement en ligne, via les sites des deux principales associations gérant les refuges : Ferðafélag Íslands (fi.is) et Útivist (utivist.is).

Le processus est simple mais demande de la réactivité. Les calendriers de réservation ouvrent souvent durant l’hiver précédent la saison de trek. Il est donc sage de surveiller ces sites dès le mois de décembre ou janvier. Voici les étapes incontournables pour une réservation sereine :

  • Réserver bien en avance : Connectez-vous sur les sites officiels comme fi.is ou utivist.is des mois avant votre départ pour sécuriser vos dates.
  • Avoir un plan B : Même avec une réservation, la météo peut vous bloquer. Avoir une tente comme solution de secours est une assurance indispensable.
  • Anticiper les imprévus : En cas de tempête, les refuges peuvent ouvrir des places d’urgence. Arriver tôt peut vous permettre d’obtenir une de ces places providentielles au sol.

Cette nécessité de planification enlève une part de spontanéité, mais elle est la garantie d’une sécurité et d’un abri après une longue journée de marche. La question se pose alors : cette contrainte vaut-elle le confort relatif d’un toit ?

Nuits en refuge ou sous la tente : comment faire le bon choix pour son trek ?

Le choix entre la chaleur relative d’un refuge et la flexibilité d’une tente est l’une des décisions les plus structurantes dans la préparation d’un trek islandais. Il ne s’agit pas seulement d’une question de confort, mais aussi de budget, de poids du sac et de philosophie de voyage. Chaque option présente des avantages et des inconvénients marqués qu’il convient de peser soigneusement en fonction de votre expérience et de vos attentes. Le refuge offre une protection garantie contre les éléments, ce qui, dans un pays où les tempêtes de vent et de pluie peuvent survenir sans crier gare, n’est pas un luxe. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres randonneurs et de profiter d’une cuisine pour préparer un repas chaud.

La tente, quant à elle, est le symbole de la liberté. Elle permet de s’arrêter où l’on veut (dans les zones de camping désignées, bien sûr) et de vivre une expérience plus immersive et solitaire. C’est également une option beaucoup plus économique. Cependant, elle implique de porter un équipement plus lourd et d’affronter directement la rigueur du climat. Une tente de mauvaise qualité ou mal montée peut transformer une nuit en véritable épreuve. Pour y voir plus clair, voici une analyse comparative des deux options.

Comparaison entre refuge et tente pour le trek en Islande
Critère Refuge Tente
Coût Environ 44€ – 64€ par nuit 12€ – 16€ par nuit sur campings
Confort Dortoirs avec matelas, cuisine collective, sanitaires Confort variable, autonomie complète
Liberté Moins flexible, réservation obligatoire Plus grande liberté d’itinéraire
Exposition aux éléments Protégé des intempéries Exposé au vent, pluie, froid

Préparation pour un trek en Islande : l’étape que les débutants ne doivent jamais négliger

L’Islande est un terrain de jeu magnifique, mais extrêmement exigeant. Comme le souligne un rédacteur de Carnets de Rando, un connaisseur du terrain : « Sous-estimer la difficulté et mal s’équiper sont les erreurs majeures qui mettent en danger les trekkeurs novices en Islande. » Partir dans les Hautes Terres n’est pas une randonnée dominicale. C’est une expédition qui demande une préparation physique, mentale et matérielle sérieuse. La météo peut passer du grand soleil à la tempête de neige en quelques heures, même en plein été. Les sentiers peuvent être recouverts de neige, et les traversées de rivières glaciaires à gué sont fréquentes. Partir sans préparation sérieuse n’est pas seulement de l’imprudence, c’est un risque direct pour votre sécurité.

Une bonne préparation repose sur quatre piliers fondamentaux. D’abord, la connaissance de l’itinéraire : étudiez les cartes, les distances, les dénivelés et les points d’eau avant de partir. Ensuite, l’équipement : le système des trois couches est indispensable, tout comme des chaussures de randonnée robustes et imperméables, un sac de couchage adapté aux températures et une tente capable de résister à des vents violents. Troisièmement, la condition physique : un entraînement régulier plusieurs mois avant le départ est nécessaire pour supporter l’enchaînement des étapes avec un sac lourd. Enfin, la sécurité : toujours prévenir quelqu’un de son itinéraire détaillé via le site safetravel.is et emporter un moyen de communication fiable (téléphone satellite ou balise GPS).

Checklist d’audit de votre préparation

  1. Points de contact : Ai-je noté les numéros d’urgence (112) et enregistré mon itinéraire sur safetravel.is ?
  2. Collecte de matériel : Ai-je vérifié l’imperméabilité de ma veste, de mon pantalon et de mes chaussures ? Mon sac de couchage est-il adapté aux températures nocturnes (proches de 0°C) ?
  3. Cohérence de l’itinéraire : Mon plan d’étapes est-il réaliste par rapport à ma condition physique et aux prévisions météorologiques ?
  4. Mémorabilité/émotion : Ai-je prévu des cartes topographiques papier et une boussole, en plus de mon GPS, pour ne pas dépendre de l’électronique ?
  5. Plan d’intégration : Ai-je prévu des jours de marge dans mon planning pour pallier un éventuel blocage dû au mauvais temps ?

L’éthique du trekkeur : quel comportement adopter dans les Hautes Terres ?

S’aventurer dans les Hautes Terres islandaises, c’est pénétrer dans un écosystème d’une beauté à couper le souffle, mais aussi d’une extrême fragilité. La mousse et la végétation mettent des décennies, voire des siècles, à se développer sur ce sol volcanique. Chaque pas en dehors d’un sentier balisé laisse une cicatrice qui peut perdurer pendant des années. Le trekkeur a donc une responsabilité immense : celle de ne laisser aucune trace de son passage. Le concept de « Leave No Trace » n’est pas une option, c’est un impératif. Cela commence par une règle simple mais fondamentale : toujours rester sur les sentiers balisés.

Cette responsabilité s’étend à tous les aspects de l’aventure. La gestion des déchets est primordiale. Il n’y a pas de poubelles le long des sentiers ni dans de nombreux refuges. Vous devez donc emporter absolument tous vos déchets avec vous, y compris les matières organiques comme les peaux de banane ou les trognons de pomme. L’autonomie est également une forme de respect. Être autonome en nourriture, en eau (ou en système de purification) et en équipement évite de peser sur les ressources limitées des refuges et de l’environnement. Enfin, le respect passe aussi par le silence. Limiter le bruit permet non seulement de ne pas déranger la faune, mais aussi de préserver l’expérience d’immersion et de quiétude pour les autres randonneurs. Adopter ce code de conduite, c’est garantir que les générations futures pourront, elles aussi, s’émerveiller devant ce sanctuaire sauvage.

  • Respecter scrupuleusement les sentiers balisés pour protéger la flore.
  • Ramener l’intégralité de ses déchets, sans exception.
  • Garantir son autonomie en provisions pour ne pas impacter les ressources.
  • Préserver le silence et la tranquillité des lieux.

Première immersion dans les Hautes Terres : faut-il privilégier Landmannalaugar ou Kerlingarfjöll ?

Choisir son point de départ pour une première exploration des Hautes Terres est un moment clé. Landmannalaugar et Kerlingarfjöll sont deux des sites les plus emblématiques, offrant des paysages spectaculaires, mais avec des ambiances distinctes. Landmannalaugar est sans doute le plus célèbre, connu pour ses montagnes de rhyolite aux couleurs arc-en-ciel et son immense champ de lave. C’est le point de départ du célèbre trek du Laugavegur, ce qui en fait un lieu très fréquenté en été. Sa source d’eau chaude naturelle, où l’on peut se baigner après une journée de marche, est un atout majeur, bien que souvent bondée.

Kerlingarfjöll, de son côté, offre une atmosphère différente, peut-être plus brute et plus intime. Les montagnes y sont d’une teinte majoritairement orangée, contrastant avec la neige souvent présente même en été. Le site est une zone géothermique très active, avec des fumerolles, des solfatares et des sources chaudes qui créent une ambiance quasi-surnaturelle. Moins fréquenté que Landmannalaugar, Kerlingarfjöll séduira ceux qui recherchent une expérience plus calme et plus sauvage. L’accès y est également réputé un peu plus aisé. Le choix dépendra donc de vos priorités : la palette de couleurs iconique et l’effervescence de Landmannalaugar, ou la tranquillité et l’ambiance volcanique de Kerlingarfjöll. Pour vous aider, une comparaison détaillée peut orienter votre décision.

Comparaison entre Landmannalaugar et Kerlingarfjöll pour un premier trek
Caractéristique Landmannalaugar Kerlingarfjöll
Paysages Montagnes arc-en-ciel, plus colorées Montagnes orange, sources chaudes, fumées volcaniques
Affluence Plus fréquenté, plus grand camping Moins de visiteurs, plus calme
Accès Routes plus difficiles Routes plus accessibles
Sources chaudes Source chaude populaire mais bondée Sources chaudes plus isolées et tranquilles

Quelles chaussures choisir pour un trek estival en Islande sans souffrir ?

Le choix des chaussures est sans doute le plus critique de tout votre équipement. Vos pieds sont votre seul moyen de transport dans les Hautes Terres, et la moindre ampoule ou douleur peut transformer une aventure de rêve en un calvaire. Le terrain islandais est varié et impitoyable : sentiers volcaniques abrasifs, passages boueux, névés persistants et, surtout, de nombreuses traversées de rivières à gué. La chaussure idéale pour l’été doit donc répondre à un cahier des charges très précis. Comme le résume un expert du blog ReykjavikCars, l’essentiel est de trouver le bon équilibre : « L’été en Islande exige des chaussures à la fois imperméables et respirantes pour gérer les sentiers humides sans surchauffer les pieds. »

Une chaussure montante (mid ou high) est fortement recommandée pour assurer un bon maintien de la cheville sur les terrains instables. L’imperméabilité, assurée par une membrane de type Gore-Tex (GTX), est non négociable pour garder les pieds au sec lors des passages dans la boue, l’herbe mouillée ou la neige. La semelle doit offrir une excellente adhérence (de type Vibram, par exemple) pour ne pas glisser sur les roches humides ou dans les descentes meubles. Enfin, assurez-vous de « faire » vos chaussures en les portant plusieurs semaines avant le départ pour éviter les ampoules. Le confort prime sur tout le reste.

Ce tableau, inspiré des recommandations de spécialistes, synthétise les types de chaussures adaptées à la randonnée estivale en Islande.

Comparatif de chaussures pour trek en été en Islande
Saison Type de chaussure Caractéristiques clés Modèles suggérés
Été Bottes de randonnée légères Imperméables, respirantes, bonne adhérence Salomon X Ultra 3 Mid GTX, Merrell Moab 2 Mid Waterproof
Printemps/Automne Bottes mi-hautes Imperméables, isolation modérée Keen Targhee III Mid WP, Lowa Renegade GTX Mid

À retenir

  • Les refuges islandais sont rustiques et doivent être réservés des mois à l’avance.
  • Une préparation physique et matérielle rigoureuse est la clé de votre sécurité.
  • Le respect des sentiers et le principe du « sans trace » sont non négociables.
  • Des chaussures imperméables et montantes sont votre meilleur allié contre le terrain exigeant.

Comment accéder aux Hautes Terres d’Islande, le dernier bastion sauvage d’Europe ?

Les Hautes Terres sont un territoire qui se mérite. Isolées au centre de l’île, elles ne sont accessibles que pendant une très courte fenêtre estivale. Selon un guide de référence sur les pistes F islandaises, la période d’ouverture s’étend généralement de fin juin à fin août, mais ces dates peuvent varier en fonction de l’enneigement et de l’état des pistes. En dehors de cette période, la zone est tout simplement fermée à la circulation. L’accès se fait par un réseau de pistes non goudronnées, appelées « F-roads » (routes de montagne), qui ne sont praticables qu’avec un véhicule 4×4. Tenter de s’y aventurer avec une voiture de tourisme est non seulement interdit par les loueurs, mais aussi extrêmement dangereux.

La conduite sur ces pistes est une aventure en soi. Elles sont souvent caillouteuses, parfois sablonneuses, et impliquent de traverser des rivières à gué sans pont. Cette dernière étape est la plus technique et la plus risquée. Il est crucial de vérifier la profondeur et le courant avant de s’engager, et de ne jamais tenter une traversée si les conditions semblent trop difficiles. Pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec la conduite en 4×4 ou qui n’en ont pas le budget, il existe des lignes de bus tout-terrain qui desservent les principaux sites comme Landmannalaugar ou Þórsmörk durant l’été. C’est une option plus sûre et plus sereine pour atteindre le point de départ de son trek.

Checklist pour préparer l’accès aux Hautes Terres islandaises

  1. Prévoir un 4×4 avec assurance couvrant les gués.
  2. Vérifier l’état des pistes F avant le départ via les sites officiels comme road.is.
  3. S’équiper en matériel de sécurité (radio, GPS fiable).
  4. Emporter suffisamment de nourriture, eau et carburant.

Organiser un trek de refuge en refuge dans les Hautes Terres est un projet ambitieux, mais avec une préparation rigoureuse et le bon état d’esprit, il devient une expérience transformatrice. C’est une invitation à se déconnecter du superflu pour se reconnecter à l’essentiel, dans un décor qui redéfinit le mot « sauvage ». Évaluez dès maintenant votre niveau de préparation et commencez à planifier l’aventure qui vous attend.

Rédigé par Julien Fournier

Julien Fournier est un guide de haute montagne et formateur en sécurité outdoor avec plus de 18 ans d’expérience des milieux extrêmes. Sa spécialité est d’encadrer des débutants dans des activités à sensations fortes comme la randonnée glaciaire ou la conduite 4×4.