
Publié le 17 juillet 2025
La croyance islandaise envers les elfes, ou Huldufólk, va bien au-delà de la simple superstition. Elle constitue un langage culturel complexe, une métaphore vivante du lien profond entre l’identité nationale et un paysage à la géologie spectaculaire. Ce folklore actif n’est pas une fuite dans le fantastique, mais une manière poétique et puissante de dicter le respect de la nature, influençant des décisions très concrètes comme l’urbanisme et la protection de l’environnement.
Imaginez un paysage où la mousse vert fluo recouvre des champs de lave noire figés depuis des siècles, où des fumerolles s’échappent de fissures dans le sol et où chaque rocher semble posséder une histoire. C’est l’Islande, une terre où la frontière entre le visible et l’invisible est notoirement poreuse. Au cœur de cette perception se trouve le « Huldufólk », le peuple caché, une notion qui englobe elfes, gnomes et autres créatures discrètes. Pour le voyageur non averti, cela peut sembler être un simple folklore pour touristes, une charmante excentricité nordique.
Pourtant, réduire le Huldufólk à une superstition serait une profonde erreur d’interprétation. Cette croyance, ou du moins la possibilité de cette croyance, est un phénomène culturel et sociologique bien vivant, qui en dit long sur le rapport des Islandais à leur environnement. Il s’agit moins de « croire » au sens littéral que de reconnaître que la nature possède une dimension qui échappe à la rationalité humaine. Ce concept agit comme une forme de médiation écologique, un récit collectif qui impose une considération et un respect pour des lieux que la modernité pourrait autrement détruire sans hésiter. Loin d’être un conte pour enfants, l’affaire des elfes est une clé de lecture essentielle pour comprendre l’âme islandaise.
Pour ceux qui préfèrent le format visuel, la vidéo suivante vous propose une excellente analyse de la manière dont ces croyances influencent concrètement la société islandaise, complétant parfaitement les points abordés dans ce guide.
Pour aborder ce sujet de manière claire et progressive, voici les points clés qui seront explorés en détail :
Sommaire : Comprendre le rôle du Huldufólk dans la culture islandaise
- Elfes, trolls, gnomes : le guide pour ne pas les confondre dans le folklore islandais
- Quand les elfes arrêtent les bulldozers : ces histoires vraies qui montrent leur influence
- J’ai testé pour vous : un cours à l’école des elfes de Reykjavik
- Apprendre à « voir » le monde invisible : une nouvelle façon de lire les paysages islandais
- La vraie réponse à la question « croyez-vous aux elfes ? » (elle est plus subtile que oui ou non)
- Derrière le paysage : comment la géologie a secrètement nourri le folklore islandais
- Comment le tourisme qui fait vivre l’Islande est aussi en train de la détruire
- Les piliers de la culture islandaise : pourquoi ce pays ne ressemble à aucun autre
Distinguer les créatures du folklore islandais : elfes, trolls et autres êtres
Avant d’explorer la profondeur du Huldufólk, il est essentiel de clarifier le panthéon des créatures qui peuplent l’imaginaire islandais. Le terme « peuple caché » est souvent utilisé comme un fourre-tout, mais il existe des distinctions claires, transmises par une riche tradition orale. Les créatures les plus connues sont sans doute les elfes (Álfar) et les trolls (Tröll), mais leurs caractéristiques sont bien définies et souvent opposées. Cette taxonomie du merveilleux n’est pas anecdotique ; elle structure la manière dont les Islandais lisent leur propre paysage.
La distinction la plus fondamentale réside dans leur nature et leur rapport à l’humanité. Comme le résume Vincent de Rendez-vous Contes dans son analyse des contes populaires d’Islande :
Les trolls sont décrits comme des géants laids qui se transforment en pierre à la lumière du jour, tandis que les elfes sont petits et bienveillants s’ils ne sont pas dérangés.
– Vincent de Rendez-vous Contes, Contes populaires d’Islande : le folklore mondial magique
Les trolls incarnent les forces brutes et dangereuses de la nature. Gigantesques et souvent malveillants, ils sont associés aux montagnes et aux roches désolées. De nombreuses formations rocheuses en Islande, comme les stacks de Reynisdrangar près de Vík, sont considérées comme des trolls pétrifiés par le soleil. Les elfes, en revanche, sont les véritables « Huldufólk ». Ils sont décrits comme vivant dans un monde parallèle au nôtre, dans des rochers (álfhóll) ou des collines. Ils sont perçus comme une société sophistiquée, reflet de la société humaine, mais invisible. Le respect de leur habitat est primordial, car les déranger peut entraîner des conséquences fâcheuses.
Cette croyance est loin d’être marginale. En effet, 54% des Islandais estiment possible l’existence de ces êtres, une statistique qui révèle à quel point le peuple caché est ancré dans la mentalité collective. À côté des elfes et des trolls, on trouve d’autres figures comme les gnomes ou les nains (Dvergar), des artisans de la mythologie nordique vivant sous terre. Comprendre ces distinctions est la première étape pour saisir l’influence de ces mythes sur la vie réelle.
L’influence du Huldufólk : quand les elfes modifient les plans d’urbanisme
L’idée que des créatures invisibles puissent influencer des projets d’infrastructure modernes peut sembler absurde. Pourtant, en Islande, c’est une réalité documentée qui illustre parfaitement le pouvoir du patrimoine immatériel. Le cas le plus célèbre et le plus emblématique reste celui d’un projet routier près de Reykjavik, qui a cristallisé les tensions entre développement et respect du paysage sacré.
L’affaire, qui a eu un écho international, est souvent simplifiée à l’extrême. Il ne s’agissait pas simplement d’une opposition « anti-progrès » au nom des elfes. En 2013, un projet visant à construire une route à travers la péninsule d’Álftanes a été stoppé. Le tracé devait passer sur un champ de lave considéré par beaucoup comme un site sacré, incluant une « église elfique » (kirkja álfanna) et d’autres habitats du peuple caché. Une mobilisation citoyenne, mêlant défenseurs de l’environnement et partisans du folklore, a réussi à faire temporairement suspendre les travaux.
Étude de Cas : La route de Gálgahraun
Le projet de route à travers le champ de lave de Gálgahraun a été retardé suite à une forte mobilisation d’associations. Comme le rappellent plusieurs analyses, cet événement a mis en lumière le rôle des croyances dans le militantisme écologique. Les protestataires ont invoqué la présence d’une église elfique pour demander la préservation de ce paysage unique. La Cour suprême d’Islande a finalement statué en faveur des opposants, non pas en reconnaissant l’existence des elfes, mais en arguant que le projet n’avait pas suffisamment évalué son impact environnemental et culturel.
Ce cas démontre que les elfes agissent comme des symboles puissants. Ils donnent une voix à une nature qui ne peut pas se défendre elle-même. Invoquer le Huldufólk est une manière culturellement acceptée de dire : « ce lieu a une valeur qui ne se mesure pas en termes économiques ». Ce n’est pas un acte irrationnel, mais une forme de militantisme poétique et efficace. Des groupes locaux continuent de se battre pour que ces zones, considérées comme habitées, soient respectées, humanisant ainsi le débat sur la protection de l’environnement.
Une immersion dans l’invisible : l’expérience de l’école des elfes de Reykjavik
Pour ceux qui souhaitent aller au-delà des anecdotes, Reykjavik propose une institution unique au monde : l’Álfaskólinn, ou l’École des Elfes. Fondée par le directeur Magnús Skarphéðinsson, cette école n’est pas une attraction touristique fantaisiste, mais plutôt un centre de recherche et de collecte de témoignages sur le peuple caché. Participer à une session, c’est s’offrir une plongée structurée dans des siècles de tradition orale islandaise.
Le cours, qui dure généralement une demi-journée, se présente comme une véritable conférence académique sur le folklore. Les participants reçoivent un manuel détaillé qui classifie les treize types d’elfes, les quatre sortes de gnomes, les deux variétés de trolls et les trois espèces de fées que compterait l’Islande. Le directeur s’appuie sur des centaines de récits collectés auprès de témoins directs, des personnes affirmant avoir interagi avec le Huldufólk. Ces histoires sont le cœur de l’enseignement, présentées non pas comme des preuves irréfutables, mais comme des données sociologiques et anthropologiques.
L’expérience est fascinante car elle déplace la question de la croyance. Il ne s’agit pas de convaincre les sceptiques, mais d’exposer la richesse et la cohérence d’un système de pensée parallèle. Voici ce que retiennent souvent les participants :
Une demi-journée d’immersion où les participants apprennent à distinguer les trolls des elfes, découvrent les croyances islandaises et repartent avec un diplôme aux « Études et recherches sur les elfes et autres peuples invisibles ».
– Participant à l’école des elfes, Continents Insolites
Au-delà du diplôme, qui reste un souvenir amusant, l’école des elfes offre un aperçu précieux de la mentalité islandaise. Elle montre comment un pays a su préserver et même cataloguer son patrimoine immatériel. On y apprend que le respect pour le Huldufólk est souvent synonyme de respect pour les ancêtres et pour la terre elle-même. C’est une leçon qui transforme radicalement la perception des paysages islandais.
Décrypter le paysage : comment le folklore façonne la géographie islandaise
Voyager en Islande après s’être initié au Huldufólk est une expérience transformatrice. Un simple rocher couvert de mousse n’est plus seulement une formation géologique ; il pourrait être un « álfhóll », une demeure elfique. Une vallée silencieuse n’est plus vide ; elle est potentiellement habitée par une communauté invisible. Cette lecture du monde, que l’on pourrait qualifier de psychogéographie, enrichit chaque panorama d’une dimension narrative et sacrée.
Le folklore agit comme une carte invisible superposée à la carte physique. Il donne un sens et une personnalité à des lieux qui, autrement, pourraient sembler austères ou interchangeables. Les sentiers de randonnée eux-mêmes sont imprégnés de ces récits. Une balade en nature n’est pas seulement un exercice physique, c’est une incursion dans un espace mythique. Cette perception influence directement le comportement des gens : on ne déplace pas une pierre à la légère, on ne crie pas dans certains lieux, par respect pour les habitants potentiels.
Ce phénomène montre comment une culture peut transformer un territoire naturel en un « paysage ». Le territoire est l’espace physique brut, tandis que le paysage est ce même espace interprété, chargé de culture, d’histoire et d’émotions. En Islande, le folklore est le principal outil de cette transformation. Il crée une toponymie légendaire où les noms de lieux racontent des histoires de trolls pétrifiés ou de rencontres avec des elfes. Le respect de l’environnement découle alors naturellement de cette vision. Protéger un site, ce n’est pas seulement préserver un écosystème, c’est aussi sauvegarder un chapitre de l’histoire invisible du pays, comme le souligne l’analyse des sentiers islandais imprégnés de légendes.
Checklist d’audit pour décrypter un paysage légendaire
- Points de contact : Lister les éléments inhabituels du paysage (rocher isolé, colline étrange, source cachée) qui pourraient être des points de contact avec l’invisible.
- Collecte : Se renseigner sur les noms de lieux locaux (toponymie) et rechercher les sagas ou les contes qui y sont associés.
- Cohérence : Confronter les légendes locales avec les caractéristiques géologiques. Un rocher en forme de silhouette est-il décrit comme un troll pétrifié ?
- Mémorabilité/émotion : Identifier ce qui rend le lieu unique et mémorable. Quelle émotion (respect, crainte, merveilleux) le folklore cherche-t-il à y associer ?
- Plan d’intégration : Intégrer cette lecture dans son comportement. Comment visiter ce lieu avec respect, en gardant à l’esprit sa dimension sacrée ?
La question de la croyance : que répondent vraiment les Islandais ?
La question « Croyez-vous aux elfes ? » est celle que tout visiteur pose, et celle qui met souvent les Islandais mal à l’aise. La réponse est rarement un « oui » franc ou un « non » catégorique. La relation qu’entretient la population avec le Huldufólk est un parfait exemple de syncrétisme culturel, où la rationalité moderne cohabite sans conflit avec une vision du monde plus ancienne et plus intuitive.
Pour comprendre cette subtilité, il faut abandonner une vision binaire de la croyance. Il ne s’agit pas de croire aux elfes comme on croit à la gravité. Il s’agit plutôt d’une forme d’agnosticisme respectueux, d’une ouverture à la possibilité. La formule la plus courante est : « Je n’y crois pas forcément, mais je ne l’exclus pas non plus. » Une autre réponse fréquente est : « On ne sait jamais. » Cette posture permet de ne pas insulter les forces invisibles potentielles, tout en conservant une façade rationnelle. C’est une forme de précaution spirituelle.
Les études sociologiques confirment cette complexité. Une recherche menée par l’Université d’Islande a révélé des chiffres fascinants qui montrent une évolution. Loin de disparaître avec la modernité, l’intérêt pour le Huldufólk semble se renforcer. L’étude indique que 62% des Islandais considèrent l’existence du Huldufólk comme plausible. Ce chiffre, en augmentation depuis les années 1990, montre un attachement renouvelé à ce patrimoine face à la globalisation. Il ne s’agit pas d’un retour à la superstition, mais d’une affirmation identitaire. Le folklore est perçu comme une richesse culturelle qui distingue l’Islande.
En fin de compte, la question n’est pas de savoir si les elfes existent, mais de comprendre ce que la *possibilité* de leur existence dit sur une culture. Elle parle d’un profond respect pour la nature, d’une humilité face à ce qui nous dépasse, et d’une volonté de préserver le mystère dans un monde de plus en plus désenchanté. Comme le démontre l’analyse du rapport complexe des Islandais aux croyances, la plausibilité l’emporte sur la certitude.
Les racines de l’imaginaire : comment la géologie islandaise a sculpté les mythes
Le folklore islandais n’est pas une création ex nihilo. Il est profondément enraciné dans le sol même de l’île, un sol jeune, instable et en perpétuelle transformation. L’Islande est une merveille géologique, située à la jonction de deux plaques tectoniques, parsemée de volcans, de glaciers, de champs de lave et de sources chaudes. Ce paysage dramatique et parfois terrifiant est le décor naturel parfait pour des histoires de créatures surnaturelles.
Chaque particularité géologique a trouvé son explication dans le mythe. Les colonnes de basalte, avec leurs formes hexagonales presque artificielles, peuvent facilement être vues comme des constructions elfiques. Les vastes étendues de lave solidifiée, pleines de cavités et de roches aux formes torturées, deviennent des villes cachées ou des champs de bataille de trolls. Les fumerolles et les geysers, manifestations visibles de la puissance souterraine, sont perçus comme des portes vers un autre monde. La géologie est la grammaire du mythe islandais.
Cette connexion est fondamentale pour comprendre le Huldufólk. Les elfes et les trolls ne sont pas des entités abstraites ; ils sont l’incarnation des forces naturelles. Les trolls représentent la puissance destructrice et brute de la terre – les volcans, les tremblements de terre, les avalanches. Les elfes, eux, incarnent une nature plus subtile, plus discrète mais tout aussi puissante – la vie qui pousse sur la lave, la pureté d’une source cachée. Comme le souligne une analyse d’Arte sur l’influence du paysage sur la mythologie locale, le territoire a activement nourri l’imaginaire collectif.
Ce lien explique pourquoi le respect du peuple caché est indissociable du respect de l’environnement. Déranger un rocher, ce n’est pas seulement déplacer une pierre, c’est potentiellement violer un habitat, un lieu de culte, ou un être vivant. Cette vision animiste du monde, héritée des premiers colons vikings et adaptée à ce nouvel environnement, a permis aux Islandais de vivre en harmonie relative avec une nature souvent hostile. Le folklore est devenu un manuel de survie et un code de conduite écologique.
Le paradoxe du tourisme : une manne économique qui menace le paysage sacré
L’Islande a connu une explosion touristique au cours des dernières décennies, transformant son économie mais exerçant une pression sans précédent sur ses écosystèmes fragiles. Le succès même de ses paysages uniques, ceux-là mêmes qui ont nourri le folklore du Huldufólk, menace de les dégrader. C’est le grand paradoxe de l’Islande contemporaine : le tourisme qui la fait vivre pourrait aussi détruire ce qui la rend si spéciale.
Économiquement, l’apport est indéniable. En 2022, le secteur touristique représentait une part significative de l’économie. Des chiffres récents indiquent que le tourisme compterait pour 7,8% du PIB islandais, un moteur essentiel pour le pays. Cet afflux de visiteurs crée des emplois et finance des infrastructures. Cependant, cette croissance a un coût environnemental et culturel élevé. La sur-fréquentation de sites emblématiques comme le Cercle d’Or ou la lagune glaciaire de Jökulsárlón entraîne une érosion des sols, une pollution et une banalisation des lieux.
Le plus grand danger est peut-être la perte de ce « sens du lieu » si crucial dans la culture islandaise. Quand un champ de lave, autrefois perçu comme un site potentiellement habité par les elfes, devient un simple décor pour des milliers de selfies quotidiens, sa dimension sacrée s’efface. La pression touristique risque de « désenchanter » le paysage, de le réduire à une simple marchandise. Une croissance massive du tourisme met en péril non seulement les infrastructures naturelles, mais aussi la durabilité écologique et culturelle de la région, altérant les paysages mêmes qui ont donné vie au folklore.
Face à ce défi, la croyance au Huldufólk peut jouer un rôle inattendu. Elle peut servir de contre-discours à la marchandisation de la nature. Promouvoir un tourisme qui respecte non seulement l’écologie, mais aussi la « psychogéographie » des lieux – c’est-à-dire leur charge mythologique – pourrait être une voie pour un développement plus durable. Il s’agirait d’inviter les visiteurs non pas à « consommer » un paysage, mais à entrer en dialogue avec lui et ses histoires invisibles.
À retenir
- Les elfes (bienveillants si non dérangés) et les trolls (géants pétrifiés) sont deux créatures distinctes du folklore islandais.
- Les croyances au Huldufólk influencent l’urbanisme, comme le montre l’arrêt de projets routiers pour protéger des sites sacrés.
- La question n’est pas une croyance binaire, mais une « plausibilité » acceptée par une majorité de la population.
- La géologie unique de l’Islande (volcans, lave) est la source directe de nombreux mythes et légendes locaux.
- Le tourisme de masse, bien qu’économiquement vital, menace l’intégrité écologique et culturelle de ces paysages sacrés.
Synthèse de l’identité islandaise : une culture entre héritage et innovation
Comprendre la place du Huldufólk dans la société islandaise, c’est finalement toucher au cœur de ce qui rend ce pays si unique. L’Islande ne se définit pas par un seul trait, mais par une fascinante synthèse d’éléments apparemment contradictoires : un héritage viking farouchement préservé, une tradition orale encore vivante, et une capacité d’innovation et de créativité résolument moderne. C’est dans cet alliage que réside son caractère si particulier.
L’attachement aux sagas et au folklore n’est pas un signe de passéisme. Au contraire, il sert de socle stable sur lequel peut se déployer une modernité audacieuse. La langue islandaise, quasi inchangée depuis des siècles, en est le meilleur exemple. C’est ce même respect des racines qui permet de considérer un champ de lave comme un patrimoine culturel à défendre face à un projet routier. Le Huldufólk est un des piliers de cette continuité culturelle, un fil invisible qui relie les premiers colons aux artistes et ingénieurs d’aujourd’hui.
Comme le résume bien le Guide de Voyage Terdav, la culture islandaise est une alchimie complexe. C’est un mélange entre un héritage ancestral, la force des traditions orales et une modernité foisonnante, qui engendre une société créative et profondément attachée à son identité. Ce n’est donc pas une coïncidence si l’un des pays les plus technologiquement avancés et les plus lettrés au monde est aussi celui où les elfes ont le plus d’influence. Cette dualité n’est pas une contradiction, c’est le moteur même de l’identité islandaise.
Le peuple caché est bien plus qu’une anecdote pour touristes. C’est une métaphore de la résilience, un symbole du lien indéfectible entre un peuple et sa terre, et un rappel constant que les aspects les plus importants de la vie ne sont pas toujours visibles à l’œil nu.
Pour votre prochain voyage en Islande, l’étape suivante consiste à intégrer cette perspective. Regardez au-delà du spectaculaire et tentez de percevoir la dimension invisible qui donne à chaque paysage son âme véritable.