Publié le 18 avril 2024

Contrairement à l’idée reçue, réussir son tour de l’Islande ne consiste pas à cocher une liste de sites touristiques. La véritable magie de la Route 1 opère quand on la traite non comme un circuit, mais comme un miroir. Ce voyage est une invitation à ralentir, à s’écarter de l’asphalte et à transformer le road trip en une quête intérieure, où le paysage dépouillé nous apprend à nous délester du superflu pour redécouvrir l’essentiel.

La Route 1. Ce simple nom fait naître des images puissantes dans l’esprit de tout voyageur en quête d’absolu. Un ruban d’asphalte qui encercle une île de feu et de glace, promesse d’une liberté totale au volant, face à des paysages qui semblent avoir été sculptés pour les dieux. Le rêve est là, palpable : louer un van, mettre sa playlist préférée, et dévorer les kilomètres en s’arrêtant devant chaque cascade monumentale, chaque plage de sable noir, chaque glacier étincelant. C’est l’aventure moderne par excellence, le grand road trip ultime.

Pourtant, la plupart des récits de voyage tombent dans le même piège : celui de la checklist. On parle d’itinéraire optimisé, de « must-see », de timing serré pour ne rien « manquer ». On transforme ce qui devrait être une épopée personnelle en une course contre-la-montre, une collection de photos Instagram où l’on finit par voir l’Islande à travers un écran. On se concentre sur les aspects logistiques, les pièges à éviter, les bons plans pour économiser, oubliant l’essentiel.

Et si la véritable clé de la Route 1 n’était pas dans la planification mais dans le lâcher-prise ? Si ce voyage était moins une question de géographie à parcourir que d’une introspection à vivre ? Cet article propose une perspective différente. Nous allons aborder les aspects pratiques, oui, mais pour les mettre au service d’une ambition plus grande : faire de ce tour de l’Islande non pas un simple voyage, mais une véritable quête initiatique. Un pèlerinage sur quatre roues où le but n’est pas la destination, mais la transformation en chemin.

Ce guide est une feuille de route pour ceux qui veulent aller au-delà de la carte postale. Nous verrons comment planifier non pas un itinéraire, mais une intention ; comment choisir sa direction non pas pour la logistique, mais pour la narration de son voyage ; et surtout, comment l’Islande, dans sa brutalité et sa beauté, devient le catalyseur d’un profond changement intérieur. Attachez votre ceinture, le voyage commence à l’intérieur.

La Route 1 en chiffres : la checklist pour planifier votre tour de l’Islande

Avant de se lancer corps et âme dans la quête, il faut en mesurer le cadre. La Route 1, ou « Ring Road », est la colonne vertébrale de votre aventure. C’est une boucle qui, selon les données officielles, s’étire sur 1 339 kilomètres de route circulaire. Un chiffre brut, presque intimidant. Mais il ne faut pas le voir comme une distance à conquérir, mais comme un espace à habiter. Le temps que vous y passerez définira le « tempo » de votre voyage. Sept jours ? Ce sera un staccato rapide, une succession de flashs intenses. Dix jours ? Un andante modéré, laissant le temps à la contemplation. Quatorze jours ou plus ? Un adagio profond, où le silence entre les notes devient aussi important que la musique elle-même.

La planification de ce voyage va bien au-delà de la réservation d’un véhicule et de la compilation de points GPS. La préparation la plus cruciale est mentale. Il s’agit de définir une intention. Que venez-vous chercher sur cette route ? Quelle habitude, quelle pensée limitante, quel poids du quotidien espérez-vous symboliquement laisser derrière vous, sur le bas-côté d’une piste volcanique ? Pensez à ce voyage comme un rite de passage. L’Islande, par son caractère brut et primaire, est un formidable catalyseur pour ce genre d’expérience. Le paysage extérieur, dépouillé et extrême, vous forcera à faire face à votre paysage intérieur.

Votre feuille de route pour une quête intérieure

  1. Définir votre intention de quête : qu’espérez-vous découvrir sur vous-même pendant ce voyage ?
  2. Identifier une habitude ou pensée limitante à laisser symboliquement derrière vous.
  3. Choisir votre tempo de voyage : 7 jours (staccato), 10 jours (andante) ou 14+ jours (adagio).
  4. Planifier l’engagement des 5 sens : prévoir de goûter au pain de seigle géothermique, toucher la mousse millénaire, écouter le silence des fjords.
  5. Accepter l’imprévu : intégrer structurellement des « jours tampons » dans votre planning pour accueillir la sérendipité.

Cette préparation change radicalement la perspective. Le voyage n’est plus une performance touristique, mais un dialogue entre vous et l’île. Chaque choix devient signifiant, chaque imprévu une opportunité. C’est le premier pas pour passer d’un simple road trip à une aventure qui vous transformera durablement.

Faire le tour de l’Islande : dans quel sens prendre la Route 1 ?

La question semble purement logistique, presque triviale. Dans le sens des aiguilles d’une montre ou dans le sens inverse ? Pourtant, ce choix définit la dramaturgie de votre voyage, l’arc narratif de votre épopée personnelle. Partir vers le sud (sens anti-horaire), c’est se jeter immédiatement dans le grand spectacle. C’est la voie de la confrontation directe avec les icônes de l’Islande : les cascades monumentales de Seljalandsfoss et Skógafoss, les plages de sable noir de Vík, la lagune glaciaire de Jökulsárlón. C’est un début spectaculaire, presque écrasant, qui place la barre très haut dès les premiers jours.

À l’inverse, choisir le sens horaire et partir vers le nord, c’est opter pour une montée en puissance progressive. Vous commencez par des paysages plus doux, la péninsule de Snæfellsnes, puis les fjords reculés et silencieux du nord et de l’est. L’isolement se fait plus sentir, le voyage intérieur commence en douceur, dans le calme et la contemplation. Le grand spectacle du sud arrive alors comme le climax final, l’apothéose d’un voyage qui vous a préparé à recevoir une telle débauche de beauté.

Vue aérienne symbolique montrant la bifurcation de la Route 1 avec les paysages contrastés du sud et du nord de l'Islande

De nombreux voyageurs expérimentés penchent pour le sens anti-horaire. L’autrice du blog ZigZag Voyages l’exprime ainsi : « L’une de mes vues préférées en faisant le tour de l’Islande était sur les glaciers du sud de l’Islande, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Et je pense que c’est bien de finir avec la partie la plus facile du voyage, quand on est un peu plus fatigué. » C’est un argument pragmatique : aborder le plus difficile au début et finir en douceur. Mais le choix vous appartient. Voulez-vous un film qui commence par une explosion, ou un roman qui tisse sa toile lentement avant le dénouement ?

L’erreur fatale du road trip : rester collé à la Route 1

Voici le grand paradoxe de ce voyage : la Route 1 est votre guide, mais elle est aussi votre cage dorée. Rester sagement sur son asphalte parfait, c’est comme visiter un musée en ne regardant que les cadres des tableaux. Vous verrez de belles choses, c’est certain, mais vous passerez à côté de l’âme véritable de l’Islande. Le secret, l’aventure, la solitude que vous êtes venu chercher se trouvent ailleurs : sur les routes secondaires qui serpentent vers un phare oublié, et surtout, sur les redoutables « F-roads » qui s’enfoncent au cœur des Hautes Terres.

S’aventurer hors de la route principale n’est pas une option, c’est une nécessité philosophique pour qui veut vivre la quête initiatique. C’est là que le mot « aventure » reprend tout son sens. C’est là que la météo devient votre seul maître, que le paysage se fait lunaire, et que le silence devient total. C’est aussi là que les contraintes deviennent réelles, imposant humilité et respect. Les F-roads sont plus qu’un simple chemin ; elles sont une barrière symbolique entre le tourisme et le voyage.

Franchir cette barrière a un coût et impose des règles strictes, comme le montre cette analyse comparative issue de données du célèbre guide de voyage Le Routard.

Routes principales vs Routes F : comparaison pour sortir des sentiers battus
Critère Route 1 (circulaire) Routes F (Hautes Terres)
État de la route 98% goudronnée, bon état Pistes non goudronnées, gués à franchir
Véhicule requis Voiture standard suffisante 4×4 obligatoire
Période d’ouverture Toute l’année Juin à septembre uniquement
Niveau d’isolement Stations-service régulières Aucune infrastructure sur 200km
Expérience Confortable mais touristique Aventure authentique et solitude

Choisir de s’aventurer sur une F-road, ne serait-ce qu’une seule fois, c’est faire un choix conscient : celui de quitter la foule, d’accepter le risque et l’inconfort pour une récompense bien plus grande. C’est l’acte fondateur du minimalisme routier : abandonner la certitude de l’asphalte pour la promesse de l’inconnu. C’est là que votre voyage bascule et que vous devenez plus qu’un simple touriste.

Les pièges de la Route 1 : ces portions non goudronnées et ces dangers que vous ignorez

La liberté a un revers : la responsabilité. L’Islande est une terre sauvage qui ne pardonne pas l’arrogance ou l’imprudence. Même sur la Route 1, considérée comme sûre, le danger n’est jamais loin. Le paysage n’est pas un décor de cinéma inoffensif ; c’est un organisme vivant, puissant et imprévisible. Le plus grand piège est de sous-estimer cette puissance. Les rafales de vent soudaines peuvent arracher une portière de voiture. Une tempête de sable peut réduire la visibilité à néant en quelques minutes. Un mouton peut surgir au détour d’un virage aveugle.

Certaines portions de la Route 1, notamment dans les fjords de l’Est, ne sont même pas goudronnées, se transformant en pistes de gravier où la prudence est de mise. Les ponts à voie unique (« einbreið brú ») sont nombreux et exigent une règle de courtoisie simple mais vitale : le premier arrivé a la priorité. Conduire en Islande est une leçon d’humilité permanente. Il faut constamment lire la route, le ciel, et les signaux que la nature vous envoie. C’est une danse avec les éléments, pas une course de vitesse.

Route 1 traversant un paysage volcanique brumeux avec conditions météo dramatiques

La sécurité n’est pas une contrainte qui bride la liberté, c’est la condition même qui la rend possible. En respectant les règles, on s’offre la sérénité nécessaire pour apprécier pleinement le voyage. Voici les commandements essentiels, inspirés notamment des recommandations du ministère des Affaires étrangères français, à intégrer comme des mantras avant chaque départ :

  • Vérifier systématiquement l’état des routes sur road.is avant chaque trajet.
  • Maintenir les phares allumés, de jour comme de nuit, pour voir et être vu.
  • Ralentir drastiquement à l’approche des ponts à voie unique et des côtes sans visibilité.
  • Se méfier des rafales de vent latérales, surtout en sortant d’un tunnel ou en longeant une montagne.
  • Ne jamais, sous aucun prétexte, conduire hors-piste (« off-road ») ; la nature est fragile et les amendes sont extrêmement lourdes.
  • Équiper le véhicule de pneus neige, une obligation légale de novembre à avril.

Ces règles ne sont pas des suggestions. Elles sont le pacte que vous passez avec l’île. En les honorant, vous ne faites pas que garantir votre sécurité ; vous montrez votre respect pour cette terre qui vous accueille.

La bande-son parfaite pour votre tour de l’Islande : 10 artistes islandais à écouter sur la Route 1

Un road trip sans musique, c’est un film muet. Les paysages défilent, mais il manque l’âme, l’émotion qui lie les images entre elles. Sur la Route 1, la bande-son n’est pas un simple fond sonore ; elle est une couche de sens supplémentaire, un filtre qui colore votre perception. Et pour que l’immersion soit totale, la musique doit être islandaise. Elle seule peut traduire la mélancolie d’un fjord brumeux, la rage d’un volcan ou la beauté éthérée d’une aurore boréale. Elle est le langage secret de cette terre.

Oubliez vos playlists habituelles. Laissez la place à des artistes qui ont grandi avec ces paysages dans le sang. La pop excentrique de Björk, les paysages sonores post-rock de Sigur Rós, le piano néo-classique et déchirant d’Ólafur Arnalds, la folk sensible d’Asgeir ou de Kaleo, l’électro planante de GusGus… Chaque région, chaque moment de la journée trouvera son écho dans leur discographie. La musique devient alors une carte émotionnelle, une « géographie de l’âme » qui se superpose à la carte routière.

Étude de cas : Le projet « Route One » de Sigur Rós

Le groupe islandais Sigur Rós a poussé ce concept à son paroxysme avec son projet artistique « Route One ». Comme le rapporte l’encyclopédie en ligne Wikipedia, ils ont organisé une diffusion en direct de 24 heures suivant une voiture parcourant l’intégralité de la Route 1, accompagnée d’une bande-son générative et ambiante. Cette œuvre de « slow TV » est la démonstration parfaite de la façon dont la musique peut transformer un simple trajet en une expérience méditative et contemplative. Elle invite le voyageur à ne plus penser en termes de destinations, mais de flux, de continuité, synchronisant son rythme intérieur avec le défilement infini du paysage.

Construire sa propre playlist islandaise avant de partir, c’est déjà commencer le voyage. C’est apprendre la langue émotionnelle du pays. Sur la route, laissez le hasard faire les choses : lancez la lecture aléatoire et voyez comment la folk épurée de Júníus Meyvant dialogue avec les plaines désolées du centre, ou comment les rythmes de FM Belfast répondent à l’énergie de Reykjavik. Votre autoradio n’est plus un simple diffuseur, il est l’interprète de ce que vos yeux voient et de ce que votre cœur ressent.

Route circulaire, camp de base ou focus régional : quelle stratégie de parcours choisir pour l’Islande ?

L’obsession de la boucle. Voilà l’autre grand piège tendu par la Route 1. Son tracé circulaire exerce une fascination quasi hypnotique, nous poussant à vouloir « faire le tour » à tout prix, comme pour cocher la case ultime. Mais est-ce toujours la meilleure stratégie ? L’Islande est un pays dense, où chaque kilomètre carré recèle des merveilles. Tenter de tout voir en un seul voyage est le plus sûr moyen de ne rien vivre en profondeur. Il est essentiel de choisir une stratégie de parcours qui corresponde à votre temps, votre budget, mais surtout, à votre intention.

La route circulaire complète est la voie royale, mais elle exige du temps. Les experts s’accordent à dire qu’en dessous de 10 jours, c’est une course effrénée. Pour rappel, une étude du site spécialisé ZigZag Voyages estime qu’il vous faudra 16 à 17 heures pour faire le tour complet sans vous arrêter. Cette stratégie est idéale pour un premier voyage long (12-15 jours et plus), offrant un aperçu global et varié de l’île. C’est l’épopée dans sa forme la plus pure.

La stratégie du camp de base est radicalement différente. Elle consiste à choisir une ou deux régions et à s’y installer pour plusieurs jours, en explorant les environs en étoile. Par exemple, un camp de base près de Vík pour explorer la côte sud en profondeur, puis un autre près du lac Mývatn pour s’immerger dans le nord. Cette approche favorise la lenteur, l’immersion locale, et réduit considérablement le temps passé à conduire. C’est le choix de l’approfondissement plutôt que du survol.

Enfin, le focus régional est un compromis intelligent, surtout pour les voyages plus courts (5 à 8 jours). Il s’agit de se concentrer sur une seule grande région, comme la côte sud et le Cercle d’Or, ou la péninsule de Snæfellsnes et les fjords de l’Ouest. On accepte de ne pas « tout voir » pour « mieux vivre » une partie de l’île. C’est un acte de sagesse qui combat le « syndrome FOMO » (Fear Of Missing Out) et garantit une expérience plus riche et moins stressante. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise stratégie, seulement celle qui résonne avec votre quête personnelle.

Le road trip en van en Islande : rêve de liberté ou galère organisée ?

Le van aménagé. C’est l’image d’Épinal du road trip islandais, le symbole ultime de la liberté. Votre maison sur roues, prête à vous emmener où le vent vous porte, vous permettant de vous réveiller face à un glacier ou de vous endormir au son d’une cascade. Cette promesse est puissante, et en grande partie, elle est vraie. Le van offre une flexibilité inégalée, vous libérant de la contrainte des réservations d’hôtels et vous permettant d’adapter votre itinéraire aux caprices de la météo. Il devient un cocon, un refuge, un observatoire mobile sur la nature.

Mais cette liberté a un prix, et le rêve peut vite se teinter de « galère organisée » si l’on n’est pas préparé. La vie en van, c’est aussi une confrontation permanente avec des contraintes très terre-à-terre : trouver de l’eau potable, vider les eaux usées, gérer l’humidité et la condensation, cuisiner dans un espace exigu, et surtout, trouver un lieu autorisé pour la nuit (le camping sauvage étant strictement interdit). Paradoxalement, ces contraintes peuvent devenir une force. Elles vous ancrent dans le présent, transformant les tâches quotidiennes en rituels. Le van devient alors un « monastère mobile », un outil de minimalisme qui vous force à vous concentrer sur l’essentiel.

Cette dualité est parfaitement décrite dans un témoignage poignant partagé sur le blog Islande Explora, où un voyageur raconte son expérience :

Le van devient un monastère mobile propice au minimalisme et à la réflexion. Les contraintes quotidiennes – trouver de l’eau, un lieu pour la nuit, gérer l’humidité – deviennent des rituels qui ancrent dans le présent. Mais attention, la liberté totale du van peut isoler. Pour créer des connexions, nous dormions près des fermes et fréquentions les piscines locales.

– Un voyageur, Islande Explora

Le choix du van n’est donc pas anodin. C’est un engagement. C’est décider d’embrasser non seulement la liberté, mais aussi l’inconfort et la discipline qu’elle impose. C’est troquer le confort passif d’un hôtel contre la liberté active, et parfois rugueuse, de la route. C’est peut-être là, dans cet équilibre précaire entre rêve et réalité, que se trouve l’une des leçons les plus profondes du voyage islandais.

À retenir

  • La Route 1 est moins une destination qu’un outil d’introspection ; l’objectif est la transformation, pas la distance parcourue.
  • Le véritable secret de l’Islande se révèle lorsqu’on ose quitter l’asphalte sécurisant de la route principale pour explorer les pistes secondaires.
  • La liberté du road trip ne réside pas dans l’absence de règles, mais dans l’acceptation consciente des contraintes (météo, sécurité, logistique) qui ancrent dans le réel.

Explorer l’Islande : la stratégie pour ne pas vous éparpiller et réussir votre itinéraire

Nous y voilà. Le point culminant de notre réflexion. La synthèse de cette approche du voyage en tant que quête. Le plus grand ennemi de votre aventure islandaise ne sera ni le froid, ni le vent, ni même une route difficile. Le plus grand ennemi, c’est vous. Ou plus précisément, votre peur de manquer quelque chose, ce fameux syndrome FOMO qui pousse à surcharger les journées et à transformer un voyage contemplatif en marathon épuisant. Réussir son itinéraire, ce n’est pas y mettre le plus de choses possible, c’est savoir ce qu’il faut en enlever.

La stratégie la plus puissante pour cela est celle de l’écrémage thématique. Avant de tracer le moindre trait sur une carte, choisissez UN thème personnel qui sera le fil rouge de votre voyage. Êtes-vous fasciné par le volcanisme ? Votre quête sera celle des champs de lave, des cratères et des sources chaudes. Passionné par les sagas vikings ? Vous irez de sites historiques en musées discrets. Amoureux de solitude ? Votre objectif sera de collectionner les phares isolés et les plages désertes. Ce thème devient votre boussole, votre filtre. Face à un choix (« Dois-je faire ce détour pour voir cette cascade populaire ? »), la réponse est simple : « Est-ce que cela sert mon thème ? ».

Cette approche vous autorise à dire « non ». Elle vous libère de la tyrannie des « incontournables » définis par d’autres. Votre voyage devient alors une œuvre personnelle, une composition unique plutôt qu’une interprétation standard. Vous n’êtes plus en train de suivre un guide, vous êtes en train d’écrire le vôtre. Vous accepterez de manquer des sites célèbres pour avoir le temps d’explorer en profondeur une vallée inconnue qui résonne avec votre quête. C’est l’antidote parfait à la dispersion, la garantie d’un voyage qui a du sens et qui vous ressemble.

En fin de compte, l’Islande vous donnera ce que vous venez y chercher. Si vous y cherchez une liste de sites à cocher, vous repartirez avec de belles photos. Mais si vous y cherchez un miroir, une occasion de vous retrouver, vous repartirez transformé. La route n’est qu’un prétexte. Le véritable territoire à explorer, c’est vous-même.

Maintenant, prenez une carte, non pas pour y tracer un itinéraire, mais pour commencer à y dessiner les contours de votre propre aventure intérieure. Le premier pas ne se fait pas sur l’asphalte, mais dans l’intention.

Questions fréquentes sur le road trip en van en Islande

Quelle est la meilleure période pour un voyage en van en Islande ?

Entre juin et août : routes dégagées, journées longues, températures clémentes et campings ouverts. Fin mai ou septembre conviennent aussi avec un bon équipement pour les nuits fraîches.

Faut-il un 4×4 pour faire la Route 1 en van ?

Non, la Route 1 étant goudronnée à 98%, un van standard suffit. Le 4×4 n’est obligatoire que pour les routes F des Hautes Terres.

Peut-on voyager en van l’hiver en Islande ?

C’est possible mais fortement déconseillé en raison des routes enneigées et du froid intense difficile à gérer dans un véhicule.

Rédigé par Léa Guichard, Léa Guichard est une anthropologue et journaliste culturelle spécialisée dans les traditions et les folklores nordiques depuis plus de 10 ans. Elle a une passion pour la manière dont les mythes et l'histoire façonnent l'identité contemporaine.