Vue panoramique réaliste d'un paysage maritime islandais avec des falaises volcaniques et un océan vibrant au lever du soleil

Publié le 17 mai 2025

L’essentiel :

  • La richesse marine de l’Islande ne réside pas dans la quantité pêchée, mais dans une philosophie de valorisation intégrale où chaque partie du poisson est utilisée.
  • Au-delà du célèbre cabillaud, des trésors comme le homard (langoustine), le hareng fumé ou le poisson séché (Hardfiskur) sont des incontournables.
  • Des plats traditionnels comme le Plokkfiskur incarnent l’esprit anti-gaspillage, un pilier de la culture et de l’économie islandaise.
  • Consommer de la baleine est un acte touristique déconnecté des habitudes locales et qui soutient une pratique controversée.
  • La santé de l’océan est fragile, comme en témoigne le déclin dramatique de la population de macareux, directement lié au réchauffement des eaux.

Quand on pense à l’Islande, des images de volcans, de glaciers et d’aurores boréales viennent immédiatement à l’esprit. Pourtant, la véritable âme de cette nation insulaire, son moteur économique et culturel, ne se trouve pas sur terre, mais bien dans les eaux froides et tumultueuses de l’Atlantique Nord. L’océan n’est pas seulement une source de nourriture ; il est le fondement d’une identité, le creuset d’une histoire de survie et d’ingéniosité qui a façonné le caractère islandais. Cette dépendance a forgé une relation unique, un mélange de profond respect et d’innovation constante.

Loin de se limiter à une simple industrie, la pêche en Islande est devenue un modèle de gestion durable et d’économie circulaire. Le pays a compris que sa richesse la plus précieuse n’était pas infinie. Face à cet enjeu, les Islandais ont développé une philosophie de valorisation intégrale, où presque rien n’est jeté. Chaque partie du poisson, des peaux aux arêtes, trouve une nouvelle utilité, se transformant en produits pharmaceutiques, en collagène ou en cuir de luxe. Cet article vous invite à un voyage au cœur de ce terroir océanique, à la découverte des espèces emblématiques, des traditions culinaires anti-gaspillage et des raisons pour lesquelles la mer est, et restera, le plus grand trésor de l’Islande.

Pour mieux comprendre le contexte économique global qui a permis à l’Islande de prospérer, la vidéo suivante offre un éclairage sur les piliers de sa richesse, au-delà même de l’industrie de la pêche.

Pour explorer en détail la manière dont cette richesse marine se traduit dans l’assiette et dans la culture, voici les points clés que nous allons aborder. Ce parcours vous mènera des filets des pêcheurs aux tables les plus réputées, en passant par les traditions familiales.

Le cabillaud d’Islande : bien plus qu’un simple poisson, un symbole national

Le cabillaud n’est pas un poisson comme les autres en Islande ; il est l’épine dorsale de la nation. Pendant des siècles, il a été la principale monnaie d’échange, la source de subsistance et le moteur du développement. La qualité de sa chair, ferme et nacrée, est reconnue mondialement et résulte de son environnement : des eaux pures, glaciales et riches en nutriments qui lui permettent une croissance lente et saine. Mais la véritable force de l’Islande ne réside plus dans la quantité pêchée, mais dans la gestion ultra-rigoureuse de cette ressource. Conscient des dangers de la surpêche, le pays a mis en place des quotas stricts et des méthodes de pêche responsables.

Cette approche durable se voit dans les chiffres : les captures de cabillaud ont été volontairement réduites, passant de 460 000 tonnes en 1981 à 252 000 tonnes en 2018, afin de garantir la pérennité des stocks. Cette philosophie va de pair avec un objectif de « zéro déchet ». L’industrie ne se contente plus de vendre des filets ; elle transforme les peaux en cuir, les têtes en produits d’exportation et les viscères en compléments alimentaires. C’est l’essence même de l’économie circulaire marine, un modèle où chaque élément a de la valeur.

Comme le résume parfaitement Greta Maria Gretarsdottir, une figure de l’innovation dans le secteur :

On ne jette presque rien. On cherche chaque jour comment gaspiller un peu moins encore.

– Greta Maria Gretarsdottir, responsable de l’innovation, Le Monde

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Si le cabillaud est roi, les eaux islandaises regorgent d’autres merveilles qui méritent une place de choix sur votre liste de dégustation. S’aventurer au-delà du poisson blanc le plus connu, c’est découvrir des saveurs et des textures qui racontent une autre facette de la relation entre l’Islande et la mer. Ces spécialités, qu’elles soient luxueuses ou modestes, sont des piliers de la gastronomie locale.

Photographie réaliste de quatre trésors de la mer islandaise : homard, hareng fumé, poisson séché et plokkfiskur en gros plan

Voici quatre incontournables pour élargir votre horizon culinaire :

  • Le homard islandais (Humar) : Il s’agit en réalité d’une langoustine, plus petite et plus tendre que le homard commun. Sa chair délicate et sucrée est un véritable luxe. On le déguste le plus souvent simplement grillé avec du beurre à l’ail, pour ne pas masquer sa saveur exceptionnelle.
  • Le hareng fumé : Ancré dans la tradition, le hareng a longtemps été une ressource vitale. Fumé ou mariné, il se déguste sur du pain de seigle avec du beurre, une collation simple mais profondément islandaise.
  • Le poisson séché (Hardfiskur) : Le snack national par excellence. Il s’agit le plus souvent de cabillaud ou d’églefin séché à l’air libre jusqu’à devenir dur comme du bois. Riche en protéines, on le mange traditionnellement avec une généreuse couche de beurre salé. Une expérience gustative surprenante et addictive.
  • Le Plokkfiskur : Plus qu’un plat, c’est une institution. Ce ragoût crémeux à base de restes de poisson blanc, de pommes de terre et d’oignons est le summum de la cuisine réconfortante et anti-gaspillage.

Checklist d’audit pour une dégustation authentique des produits de la mer islandais

  1. Points de contact : lister les canaux où goûter les produits (restaurants de ports, marchés locaux, supermarchés).
  2. Collecte : inventorier les spécialités à essayer (cabillaud frais, homard, plokkfiskur, hardfiskur, hareng fumé).
  3. Cohérence : confronter les plats aux valeurs locales (pêche durable, anti-gaspi) en questionnant les restaurateurs sur l’origine du poisson.
  4. Mémorabilité/émotion : repérer les expériences uniques (le hardfiskur) vs les saveurs plus universelles (le homard grillé) pour varier les plaisirs.
  5. Plan d’intégration : planifier un parcours de dégustation pour goûter une diversité de produits (un snack, une soupe, un plat principal) durant le séjour.

Le Plokkfiskur : l’âme de la cuisine anti-gaspi islandaise dans une assiette

Le Plokkfiskur n’est pas un plat que l’on trouve sur les cartes des restaurants étoilés, et pourtant, il est sans doute l’un des plus représentatifs de la culture islandaise. Son nom, qui se traduit littéralement par « poisson effiloché », décrit parfaitement sa nature humble : un ragoût crémeux conçu à l’origine pour utiliser les restes de poisson cuit, généralement du cabillaud ou de l’églefin. Mêlé à des pommes de terre écrasées, des oignons et une sauce béchamel, il transforme des ingrédients simples en un plat profondément réconfortant.

Photographie réaliste d'une assiette traditionnelle islandaise contenant du plokkfiskur avec sa texture crémeuse

Ce plat est le symbole vivant de la philosophie anti-gaspillage qui a permis aux Islandais de survivre pendant des siècles dans un environnement hostile. Chaque famille a sa propre recette, transmise de génération en génération. C’est un plat du quotidien, servi traditionnellement avec une tranche de rúgbrauð, le pain de seigle islandais dense et légèrement sucré. Aujourd’hui, certains chefs le revisitent en y ajoutant du fromage, de la moutarde de Dijon ou des herbes fraîches, mais son essence reste la même : un hommage à l’ingéniosité et à la frugalité.

Le Plokkfiskur : de la nécessité à l’emblème national

Le Plokkfiskur est un plat traditionnel islandais emblématique, conçu pour valoriser les restes de poisson, typiquement du cabillaud ou de l’églefin. Ces restes sont mélangés avec des pommes de terre, des oignons et une sauce crémeuse. Ce ragoût, né d’une logique anti-gaspillage, est devenu un symbole de la cuisine nationale, apprécié pour son goût réconfortant et son ancrage dans l’histoire du pays.

À la recherche de la soupe de homard parfaite : où trouver la meilleure d’Islande ?

Parler de « homard » en Islande est un raccourci pour désigner la langoustine (humar), dont la chair fine et délicate est au cœur de l’un des plats les plus convoités de l’île : la soupe de homard (humarsúpa). Cette soupe veloutée, riche et parfumée est devenue une véritable institution, un passage obligé pour tout voyageur gourmet. Chaque restaurant côtier, de Reykjavík aux petits ports des fjords de l’Est, prétend servir la meilleure version, créant une sorte de compétition officieuse à travers le pays.

La recette de base combine un bouillon savoureux, souvent réalisé à partir des carcasses de langoustines, de la crème, des tomates, et un mélange secret d’épices. Les généreux morceaux de chair de langoustine y sont ajoutés juste avant de servir pour préserver leur tendreté. C’est un plat qui réchauffe le corps et l’âme, particulièrement apprécié après une journée passée dans le froid et le vent.

À Reykjavík, le petit restaurant Sægreifinn (Sea Baron), situé sur le vieux port, est souvent cité comme une référence. Son histoire authentique et sa soupe légendaire attirent les foules. Les témoignages de visiteurs confirment cette réputation, comme le souligne cet avis :

Les visiteurs plébiscitent la soupe de homard servie dans ce restaurant réputé de Reykjavík, appréciant son authenticité, sa fraîcheur et le rapport qualité-prix exceptionnel.

Avis de voyageurs sur la soupe de homard

La consommation de baleine en Islande : une pratique touristique à éviter

La question de la chasse à la baleine en Islande est complexe et controversée. Si elle fait partie de l’histoire du pays, elle ne reflète plus du tout les habitudes de consommation des Islandais modernes. En réalité, le marché de la viande de baleine est aujourd’hui presque exclusivement alimenté par la curiosité des touristes, un phénomène parfois qualifié de « dark tourisme ». C’est une distinction cruciale : manger de la baleine en Islande n’est pas une expérience culturelle authentique, mais plutôt un acte qui perpétue une industrie que la majorité de la population locale délaisse.

Comme le souligne Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, l’un des organismes les plus actifs contre cette pratique, la demande locale est quasi inexistante.

La très grande majorité des Islandais ne mangent pas de viande de baleine, mais on peut en trouver dans certains restaurants, encouragés par le « dark tourisme ».

– Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, GEO

Au-delà de l’aspect éthique, la pratique est de plus en plus remise en question par les autorités elles-mêmes. Des préoccupations concernant le bien-être animal lors de la chasse ont conduit à des mesures drastiques. En 2023, le gouvernement a pris une décision forte en annonçant la suspension de la chasse à la baleine jusqu’à la fin de l’été, suite à un rapport concluant que les méthodes utilisées n’étaient pas conformes aux lois sur le bien-être animal. En tant que voyageur, le choix le plus responsable est de privilégier l’observation des baleines, une activité économique durable qui célèbre ces magnifiques cétacés dans leur habitat naturel.

Quelles sont les 5 spécialités islandaises qui plaisent à coup sûr ?

L’Islande a la réputation d’offrir des spécialités culinaires… déroutantes, comme le requin fermenté. Cependant, la grande majorité de sa cuisine est non seulement accessible, mais absolument délicieuse. Si vous êtes d’un naturel prudent ou si vous voyagez avec des personnes aux goûts plus classiques, soyez sans crainte. La gastronomie locale regorge de plats réconfortants et savoureux qui font l’unanimité.

Voici une sélection de cinq spécialités qui constituent des valeurs sûres pour une première approche de la cuisine islandaise :

  • Le Pylsur : Bien plus qu’un simple hot-dog, c’est une véritable institution. Préparé avec un mélange d’agneau, de porc et de bœuf, il est garni de plusieurs sauces, dont une mayonnaise remoulade et une moutarde sucrée, ainsi que d’oignons frits et crus. Une expérience incontournable.
  • La Kjötsúpa : La soupe d’agneau traditionnelle. C’est un bouillon clair et savoureux, rempli de morceaux d’agneau tendres et de légumes-racines. C’est le plat réconfortant par excellence, parfait pour se réchauffer après une journée d’exploration.
  • Le Flatkaka með Hangikjöti : Une autre collation typique. Il s’agit d’un pain plat de seigle, fin et souple (Flatkaka), généreusement garni de fines tranches d’agneau fumé (Hangikjöt). Simple, efficace et délicieux.
  • Les Kleinur : Ces beignets torsadés et légèrement parfumés à la cardamome sont une douceur que l’on trouve partout, des boulangeries aux supermarchés. Parfaits pour accompagner un café.
  • Le Hardfiskur : Déjà mentionné comme un trésor de la mer, ce poisson séché est aussi une excellente porte d’entrée pour les curieux. Son goût iodé et sa haute teneur en protéines en font un snack sain et étonnamment addictif une fois tartiné de beurre.

À retenir

  • Le cabillaud islandais est un modèle de pêche durable et d’économie circulaire.
  • Le Plokkfiskur est le plat anti-gaspillage qui incarne l’ingéniosité culinaire islandaise.
  • La consommation de baleine est principalement touristique et non une tradition locale vivante.
  • La population de macareux, oiseau emblématique, est en déclin à cause du réchauffement climatique.
  • La cuisine islandaise est un mélange de traditions vikings et d’innovations modernes.

Le déclin des macareux : un signal d’alarme pour l’écosystème marin

Le macareux moine, avec son bec coloré et son allure comique, est l’un des symboles les plus attachants de l’Islande. Le pays abrite l’une des plus grandes colonies de macareux au monde, attirant des milliers de photographes et d’observateurs de la nature chaque été. Cependant, derrière cette image de carte postale se cache une réalité alarmante : cet oiseau emblématique pourrait bientôt disparaître des falaises islandaises.

Photographie réaliste d'un macareux moine sur une falaise islandaise au lever du soleil

La principale menace est le réchauffement climatique. La hausse de la température des eaux de surface perturbe la chaîne alimentaire marine. Les lançons, de petits poissons qui constituent la principale source de nourriture des macareux et de leurs oisillons, se déplacent vers des eaux plus froides et plus profondes, hors de portée des oiseaux. Sans nourriture suffisante, la reproduction échoue et les populations s’effondrent. Les chiffres sont sans appel : la population de macareux en Islande est passée de 7,7 millions en 2002 à 3,2 millions en 2025, une diminution dramatique qui inquiète les scientifiques.

Les experts tirent la sonnette d’alarme. Selon Erpur Snær Hansen, une sommité dans le domaine, l’avenir est sombre si la tendance actuelle se poursuit.

Si la température de la surface de la mer continue d’augmenter, la plupart des macareux du sud et de l’ouest de l’Islande auront disparu d’ici 10 à 20 ans.

– Erpur Snær Hansen, Directeur de la Recherche Environnementale, Icelandic Times

Le sort du macareux est intimement lié à la santé de l’océan, nous rappelant que chaque plat dégusté est le fruit d’un équilibre complexe. Pour apprécier pleinement ce que vous mangez, il est essentiel de comprendre l'histoire culinaire du pays.

Comment la gastronomie islandaise raconte l’histoire et la survie de son peuple ?

Goûter à la cuisine islandaise, c’est bien plus qu’une simple expérience gastronomique ; c’est un voyage dans le temps, une leçon d’histoire sur la survie et l’adaptation. Chaque plat, chaque méthode de conservation raconte l’histoire d’un peuple isolé, contraint de faire preuve d’une ingéniosité remarquable pour subsister dans un environnement où peu de choses poussent. Les traditions culinaires sont profondément ancrées dans l’héritage des Vikings et des colons scandinaves, qui ont apporté avec eux des techniques de conservation qui sont encore utilisées aujourd’hui.

Le fumage, le salage, le séchage et la fermentation n’étaient pas des choix gastronomiques, mais des nécessités vitales pour préserver la nourriture durant les longs et rudes hivers. Le fameux requin fermenté (hákarl) ou l’agneau fumé (hangikjöt) sont les témoins de cette époque. Cette cuisine de subsistance a défini le palais islandais pendant des siècles, basé sur des saveurs fortes et des produits simples : le poisson, l’agneau et les produits laitiers.

L’évolution de la cuisine islandaise : des racines vikings à l’innovation moderne

La culture alimentaire islandaise repose sur un socle de traditions scandinaves et vikings, utilisant des méthodes de conservation ancestrales comme le fumage, le salage ou la fermentation. Longtemps isolée, cette cuisine s’est enrichie au XXe siècle grâce à l’arrivée de la pêche moderne, de l’agriculture sous serre et des influences internationales. Aujourd’hui, elle conserve un lien puissant avec son histoire et son terroir, tout en intégrant l’innovation et une nouvelle génération de chefs créatifs.

L’arrivée des technologies modernes, notamment l’énergie géothermique qui permet la culture en serre, et l’ouverture au monde ont ensuite transformé cette cuisine. Les chefs islandais d’aujourd’hui célèbrent leur héritage tout en l’allégeant et en le modernisant, en mettant l’accent sur la fraîcheur et la pureté exceptionnelles de leurs ingrédients. La cuisine islandaise contemporaine est un dialogue fascinant entre le passé et le présent, la terre et la mer.

En définitive, explorer la richesse que l’Islande tire de l’océan, c’est comprendre que le plus grand trésor n’est pas seulement ce que l’on pêche, mais la manière dont on le respecte, le valorise et le préserve pour les générations futures. Pour mettre en pratique ces découvertes, l’étape suivante consiste à planifier votre propre itinéraire de dégustation, en privilégiant les établissements qui partagent cette philosophie de durabilité et d’authenticité.

Rédigé par Camille Laurent

Camille Laurent est une journaliste gastronomique et lifestyle qui explore les nouvelles scènes culinaires et les tendances bien-être depuis 8 ans. Elle se spécialise dans le lien entre le terroir, la cuisine et la culture du bien-être.