Publié le 20 mai 2024

En résumé :

  • La meilleure période pour voir les macareux est de mi-mai à mi-août, avec un pic en juin et juillet.
  • Les sites comme Dyrhólaey (Sud) et Borgarfjörður Eystri (Est) sont parfaits pour les débutants et les familles.
  • Le respect des règles de sécurité est crucial : restez sur les sentiers, loin du bord et ne dérangez jamais les oiseaux.
  • L’observation n’est pas réservée aux experts ; c’est un spectacle naturel grandiose accessible à tous.

Imaginez un mur de basalte noir, haut de plusieurs centaines de mètres, plongeant dans les eaux glacées de l’Atlantique Nord. Maintenant, imaginez ce mur non pas inerte, mais vibrant, grouillant, assailli par des dizaines de milliers de cris et le battement d’ailes incessant de créatures venues du grand large. Ce n’est pas une scène de documentaire lointain, mais le spectacle qui s’offre à tout voyageur en Islande durant l’été. Beaucoup pensent que l’observation des oiseaux est une affaire de spécialistes, armés de jumelles et de guides d’identification complexes. On s’imagine devoir reconnaître des espèces rares pour apprécier le moment.

Pourtant, la véritable magie des falaises islandaises n’est pas dans l’identification, mais dans l’immersion. C’est un opéra naturel où chaque oiseau, et surtout l’iconique macareux moine, joue un rôle dans un cycle de vie spectaculaire. Oubliez la simple « chasse au macareux » pour une photo. Et si la clé était plutôt de comprendre cet écosystème vertical pour vraiment saisir la portée de ce que vous observez ? Le voir non pas comme un animal à cocher sur une liste, mais comme l’acteur principal d’une pièce qui se joue seulement quelques mois par an.

Cet article n’est pas un guide ornithologique. C’est une feuille de route pour vous, le voyageur curieux, pour passer du statut de simple spectateur à celui de témoin privilégié. Nous vous donnerons les clés pour choisir le bon lieu au bon moment, pour observer en toute sécurité et avec respect, et pour comprendre que ce que vous voyez est bien plus qu’une colonie d’oiseaux : c’est l’une des plus grandes merveilles naturelles d’Europe.

Pour vous guider dans cette découverte, nous avons structuré cet article comme une véritable expédition. Vous y trouverez toutes les informations nécessaires pour préparer votre observation et comprendre la richesse de la faune islandaise, des sites les plus célèbres aux créatures les plus discrètes.

Le guide complet du macareux moine : où, quand et comment observer le clown des mers

Avec son bec multicolore, sa démarche maladroite et son regard presque comique, le macareux moine (*Fratercula arctica*) est la star incontestée des étés islandais. Surnommé « Lundi » par les locaux ou « clown des mers », cet oiseau n’est pas seulement une curiosité ; il est le symbole de la résilience de la vie arctique. L’Islande est son bastion principal, accueillant selon les estimations entre 40 à 50% de la population mondiale, soit deux à trois millions de couples nicheurs chaque année. Venir en Islande en été, c’est donc s’assurer une chance quasi certaine de le rencontrer, à condition de savoir où et comment.

Contrairement aux idées reçues, nul besoin d’être un photographe animalier équipé d’un téléobjectif de compétition. L’une des particularités du macareux est sa faible méfiance envers l’homme sur ses sites de nidification. Aux heures calmes, notamment tôt le matin ou tard le soir, vous pourrez les voir s’affairer autour de leurs terriers, parfois à quelques mètres de vous. Le secret n’est pas de les traquer, mais de se faire oublier. Asseyez-vous, restez silencieux, et le spectacle viendra à vous : les allers-retours avec le bec plein de petits poissons, les interactions sociales, ou encore les décollages et atterrissages souvent peu académiques qui lui valent sa réputation.

Étude de cas : Borgarfjörður Eystri, le site d’observation familial par excellence

Pour une expérience à la fois immersive et totalement sécurisée, le petit port de pêche de Borgarfjörður Eystri, dans les fjords de l’Est, est un modèle du genre. Sur la petite colline de Hafnarhólmi, les habitants ont construit un incroyable réseau de passerelles en bois et une cabane d’observation qui vous placent au cœur même de la colonie. Près de 10 000 couples de macareux y nichent chaque année. Vous pouvez les observer sans jamais les déranger, évoluant au-dessus, en dessous et à côté de vous. C’est l’endroit idéal pour les familles avec enfants ou pour quiconque souhaite une approche facile et garantie.

Le comportement des macareux varie aussi avec la météo : par temps ensoleillé, ils sont souvent en mer à pêcher, offrant un ballet aérien fascinant. Par temps plus couvert, ils restent davantage à terre, ce qui est parfait pour la photographie. Un simple smartphone en mode rafale peut suffire à capturer la magie de leur vol rapide et de leurs attitudes cocasses.

Látrabjarg, Dyrhólaey ou les îles Vestmann : le comparatif des meilleurs spots d’observation

L’Islande regorge de sites d’observation, mais tous ne se valent pas en fonction de votre itinéraire, de votre profil de voyageur et de vos attentes. Choisir le bon spot est la clé d’une expérience réussie. Certains sont mondialement connus pour leur densité, d’autres pour leur accessibilité ou leur cadre spectaculaire. Il est donc primordial de comparer les options avant de partir.

Les falaises de Látrabjarg, dans les reculés Fjords de l’Ouest, sont souvent considérées comme le Graal des observateurs. C’est la plus grande falaise à oiseaux d’Europe, et les macareux y sont particulièrement peu farouches. Pour les photographes, c’est un paradis. Cependant, ce site se mérite : il faut compter près de 7 heures de route depuis Reykjavík. À l’opposé, Dyrhólaey, sur la côte sud, est extrêmement accessible et s’intègre parfaitement dans un circuit classique. La vue sur les plages de sable noir y est à couper le souffle, même si la proximité avec les oiseaux est moindre.

Pour mieux vous aider à choisir, voici un tableau comparatif des quatre sites les plus emblématiques pour observer les macareux en Islande.

Comparatif des spots d’observation selon votre profil de voyageur
Lieu Profil idéal Accessibilité Densité de macareux Points forts
Látrabjarg (Westfjords) Aventuriers, photographes 7h de route de Reykjavík Très élevée Macareux peu farouches (1-2m), peu de touristes
Dyrhólaey (Sud) Familles, circuit classique 20 min de Vík Élevée Vue panoramique, plages de sable noir
Îles Vestmann Passionnés, séjour immersif 30 min ferry Record mondial (2-4 millions) Plus grande colonie mondiale, festival local
Borgarfjörður Eystri Familles avec enfants Fjords de l’Est Moyenne (10 000 couples) Plateformes sécurisées, cabane d’observation
Vue aérienne montrant les différents types de falaises d'observation des macareux en Islande avec leurs caractéristiques distinctives

Enfin, les îles Vestmann offrent une expérience totalement immersive. Accessibles par un court trajet en ferry, elles abritent la plus grande colonie de macareux au monde. C’est un lieu chargé d’histoire et de traditions liées à l’oiseau. Y séjourner permet de s’imprégner pleinement de l’atmosphère unique de ces îles volcaniques et de leur relation fusionnelle avec les oiseaux marins.

Pourquoi vous ne verrez pas de macareux en septembre : le calendrier de migration des oiseaux islandais

La plus grande erreur d’un voyageur rêvant de voir des macareux en Islande est de mal choisir sa période. Ces oiseaux ne sont pas des résidents à l’année. Leur présence sur les côtes est dictée par un chronomètre biologique implacable : le cycle de reproduction. Comprendre ce calendrier est donc non-négociable pour planifier votre voyage et éviter une immense déception. Les macareux passent la majorité de leur vie, environ 8 mois, en haute mer dans l’immensité de l’Atlantique Nord. Ils ne reviennent sur la terre ferme que pour une seule raison : nicher et élever leur unique poussin de l’année.

Cette fenêtre de présence est relativement courte. Ils commencent à arriver sur les côtes islandaises entre mi-avril et fin avril, d’abord sur la côte sud, puis progressivement sur les autres sites. La période idéale pour une observation garantie s’étend de mi-mai à mi-août. D’après les données d’observation compilées au fil des ans, juin et juillet représentent la période d’activité maximale, où les adultes sont constamment en train de faire la navette entre la mer et leur terrier pour nourrir leur progéniture. C’est à ce moment que le spectacle bat son plein.

Dès la mi-août, le ballet prend fin. Les poussins sont assez grands pour prendre leur envol, et les adultes, libérés de leurs obligations parentales, repartent un à un vers le large. À partir de début septembre, les falaises sont étrangement silencieuses et vides. Les millions d’oiseaux se sont littéralement volatilisés. Si votre voyage est prévu en automne ou en hiver, il faudra vous tourner vers d’autres espèces. Vous pourrez toujours admirer les oiseaux sédentaires comme les majestueux fulmars boréaux, les eiders à duvet ou diverses espèces de mouettes, mais le clown des mers, lui, sera déjà loin.

Les 5 règles d’or pour observer les oiseaux marins sans les déranger (et sans mourir)

Observer la faune sur les falaises islandaises est une expérience magique, mais elle comporte des risques, tant pour vous que pour les oiseaux. La nature y est brute, sauvage et imprévisible. Le vent peut vous déséquilibrer en une seconde, et le sol, fragilisé par des milliers de terriers, peut s’effondrer sous vos pieds. Adopter un comportement respectueux et sécuritaire n’est pas une option, c’est une obligation pour que l’expérience reste un souvenir inoubliable et non un accident.

La règle fondamentale est simple : la falaise est leur maison, vous n’êtes qu’un invité. Les macareux et autres oiseaux marins ne sont pas farouches, car ils perçoivent les humains comme des présences non menaçantes sur leurs sites de nidification. Comme le souligne un guide ornithologique local, « il est possible de les approcher assez près, jusqu’à 1 mètre parfois ». Cependant, cette proximité est un privilège qui engage votre responsabilité. Ne jamais tenter de les toucher, de les nourrir ou de bloquer l’accès à leur terrier. Votre objectif est de vous fondre dans le décor.

Le plus grand danger pour l’observateur imprudent est le terrain lui-même. Les bords de falaises sont souvent instables. Les zones herbeuses, qui semblent solides, sont en réalité un gruyère de terriers creusés sur des mètres de profondeur. Marcher dessus, c’est risquer un effondrement direct vers le vide. Il est impératif de rester sur les sentiers balisés et de ne jamais tourner le dos au vide. Enfin, attention aux sternes arctiques : si vous vous approchez trop de leur nid, elles n’hésiteront pas à vous attaquer en piqué. Dans ce cas, levez un bâton ou simplement votre bras au-dessus de votre tête ; elles viseront toujours le point le plus haut.

Votre plan d’action sécurité sur les falaises

  1. Vérifiez la météo : Avant d’approcher du bord, évaluez toujours la direction et la force du vent. Les rafales soudaines sont le principal danger.
  2. Analysez le terrain : Ne marchez jamais sur les zones herbeuses truffées de terriers. Le sol peut céder sans prévenir.
  3. Gardez vos repères : Gardez systématiquement le vide dans votre champ de vision. Ne lui tournez jamais le dos, même pour une photo.
  4. Respectez le balisage : Restez sur les sentiers officiels, surtout dans les zones de reproduction, pour éviter de piétiner des nids cachés au sol.
  5. Gérez les espèces agressives : Face à une sterne arctique en piqué, levez un objet (bâton, bras) au-dessus de votre tête pour qu’elle le vise à la place.

Voir les falaises depuis la mer : l’alternative en bateau que peu de gens envisagent

Si l’observation depuis le sommet des falaises est l’approche la plus classique, il existe une perspective radicalement différente et tout aussi spectaculaire : voir cet écosystème vertical depuis la mer. Cette option, souvent négligée, offre une vision d’ensemble et une compréhension de l’échelle monumentale de ces colonies d’oiseaux. Depuis un bateau, la falaise se révèle non plus comme un simple promontoire, mais comme une véritable cité grouillante de vie, avec ses différents « quartiers » occupés par différentes espèces.

Les excursions en mer permettent également d’observer les oiseaux dans leur élément de prédilection : l’eau. Vous verrez des nuées de macareux « voler » sous la surface pour chasser, des guillemots plonger en groupe et des fulmars raser les vagues avec une maîtrise déconcertante. C’est une facette du spectacle invisible depuis la terre ferme. De plus, ces sorties sont souvent l’occasion d’apercevoir d’autres animaux marins, comme des phoques se prélassant sur les rochers ou, avec de la chance, des cétacés comme des dauphins ou des orques.

L’expérience unique des excursions en Zodiac aux îles Vestmann

Pour une immersion maximale, les tours en bateau pneumatique rapide (Zodiac ou RIB) au départ des îles Vestmann sont une expérience inoubliable. Ces embarcations agiles et rapides permettent de se faufiler au plus près des parois et d’entrer dans des grottes marines inaccessibles aux plus gros bateaux. Vous vous retrouvez littéralement enveloppé par le son et le mouvement de milliers d’oiseaux nichant sur chaque corniche. C’est une surcharge sensorielle qui combine l’adrénaline de la vitesse sur l’eau et la contemplation d’une nature à son état le plus brut.

Le choix de l’embarcation est crucial et dépend de vos attentes. Le Zodiac offre des sensations fortes et une proximité inégalée, idéal pour les amateurs d’aventure et les photographes aguerris. Le bateau classique, plus grand et plus stable, privilégie le confort et la sécurité, ce qui en fait une excellente option pour les familles ou les personnes sensibles au mal de mer.

Zodiac vs Bateau classique : quelle excursion choisir
Type d’embarcation Avantages Inconvénients Idéal pour
Zodiac/RIB Proximité maximale, sensations fortes, petits groupes (12 max), accès aux grottes Moins stable, exposition aux éléments, plus cher Aventuriers, photographes aguerris
Bateau classique Confort, stabilité pour photos, abri en cas de pluie, toilettes à bord Plus éloigné des falaises, grands groupes, moins d’adrénaline Familles, seniors, mal de mer

Sur la piste du renard polaire, l’unique mammifère natif d’Islande

Alors que vos yeux sont rivés sur le ballet aérien des oiseaux, une ombre furtive peut soudainement attirer votre attention au sol. Le renard polaire (*Vulpes lagopus*) est l’unique mammifère terrestre natif d’Islande, un survivant de l’ère glaciaire qui a colonisé l’île bien avant l’arrivée des premiers Vikings. Extrêmement discret et craintif, il est difficile à observer, mais les abords des grandes colonies d’oiseaux marins en été sont l’un des meilleurs endroits pour tenter sa chance.

La raison est simple : pour le renard polaire, une falaise grouillante de nids est un garde-manger à ciel ouvert. Durant la saison de reproduction, il patrouille inlassablement au pied ou au sommet des falaises, à la recherche d’œufs ou de poussins tombés du nid. Látrabjarg et la réserve naturelle de Hornstrandir, dans les Fjords de l’Ouest, sont ses territoires de chasse privilégiés. Des guides ont même pu observer, comme en témoigne un rapport de 2018 à Látrabjarg, une famille de cinq jeunes renards se nourrissant directement au cœur de la colonie, une scène de vie sauvage d’une rare intensité.

L’observer demande une patience et une discrétion absolues. Voici quelques techniques pour maximiser vos chances sans le déranger :

  • Choisissez le bon territoire : Concentrez vos recherches près des plus grandes colonies d’oiseaux, là où la nourriture abonde.
  • Privilégiez le bon timing : L’été est la période idéale, lorsque les renards sont les plus actifs pour nourrir leurs propres portées.
  • Gardez vos distances : L’utilisation d’un téléobjectif (minimum 200mm) est impérative. Le renard polaire a une ouïe et un odorat très développés et fuira à la moindre alerte.
  • Soyez un fantôme : Restez parfaitement immobile et silencieux. Le moindre mouvement brusque ou bruit le fera disparaître.
  • Ne nourrissez jamais : Il est illégal et extrêmement dangereux pour la survie de l’animal de le nourrir ou de tenter de l’attirer.

Voir un renard polaire dans son habitat naturel est le couronnement d’une journée d’observation. C’est un rappel que cet écosystème vertical n’appartient pas qu’aux oiseaux, mais qu’il est le théâtre d’une chaîne alimentaire complexe et fascinante.

Planifier son voyage autour d’un événement : le calendrier islandais mois par mois

Une expédition réussie en Islande ne se résume pas à une liste de lieux à visiter. C’est une question de timing. Aligner votre voyage sur le calendrier des événements naturels et culturels peut transformer une simple visite en une expérience inoubliable. L’observation des macareux, par exemple, peut être combinée avec d’autres phénomènes uniques qui ne se produisent qu’à des moments précis de l’année.

Juin : Le mois parfait pour combiner macareux et soleil de minuit

Juin est sans doute le mois le plus magique pour un voyage naturaliste en Islande. C’est l’apogée de la nidification des macareux, qui sont visibles et actifs 24h/24 grâce au phénomène du soleil de minuit. Vous pouvez partir observer les falaises à 23h sous une lumière dorée et irréelle. De plus, les paysages se parent de millions de lupins violets, créant des décors photographiques exceptionnels. Pour une touche culturelle, la Fête Nationale islandaise, le 17 juin, donne lieu à des célébrations locales, notamment aux îles Vestmann où des festivals célèbrent le retour des oiseaux.

Si vous êtes un chasseur de moments rares, la fin du mois d’août offre une opportunité doublement intéressante. C’est la toute fin de la saison des macareux, mais les nuits recommencent à être suffisamment sombres pour l’apparition des premières aurores boréales. C’est l’une des rares périodes où il est possible, selon les données météorologiques et ornithologiques, de photographier ces deux emblèmes de l’Islande au cours du même séjour.

Paysage islandais montrant la transition des saisons avec macareux en été et aurores boréales en arrière-plan

Chaque saison a sa propre signature. Le printemps (avril-mai) est marqué par l’arrivée des millions d’oiseaux migrateurs, un moment d’effervescence palpable. L’automne (septembre-octobre) est la saison des couleurs flamboyantes et du départ des oiseaux, laissant place à une atmosphère plus mélancolique et paisible. Planifier en fonction de ces événements, c’est choisir l’histoire que vous voulez que l’Islande vous raconte.

À retenir

  • Le timing est tout : La présence des macareux est limitée à la période de mi-mai à mi-août. Planifiez votre voyage en conséquence.
  • L’accessibilité prime pour les débutants : Privilégiez des sites comme Dyrhólaey ou Borgarfjörður Eystri pour une première expérience facile et réussie.
  • La sécurité n’est pas négociable : Le respect des sentiers et la prudence face au vent et au vide sont les garants d’une observation sereine.

Le guide de la faune arctique d’Islande : que voir à part des moutons et des macareux ?

Si le macareux est la vedette et le mouton une présence constante, réduire la faune islandaise à ces deux animaux serait une erreur. L’écosystème islandais, bien que peu diversifié en mammifères terrestres, est d’une richesse ornithologique exceptionnelle. Les falaises que vous explorez pour voir les macareux sont en réalité des cités cosmopolites où cohabitent de nombreuses autres espèces, chacune avec son propre caractère et sa propre niche écologique. Selon les recensements ornithologiques islandais, plus de 360 espèces d’oiseaux ont été répertoriées sur l’île, dont 75 nicheuses régulières. Apprendre à en reconnaître quelques-unes enrichira considérablement votre expérience.

En levant les yeux, vous ne verrez pas que des macareux. Vous assisterez au vol plané magistral du fulmar boréal, un maître des courants aériens. Sur les corniches les plus étroites, vous remarquerez des colonies denses et bruyantes d’oiseaux noirs et blancs aux allures de petits pingouins : les guillemots de Troïl. Leur cri rauque fait partie de la bande-son des falaises. Un peu plus bas, vous distinguerez peut-être le petit pingouin (à ne pas confondre avec le manchot de l’hémisphère sud), plus trapu et avec un bec plus épais.

Pour vous aider à identifier facilement les autres acteurs de ce spectacle, voici un guide rapide des habitants les plus communs des falaises :

  • Fulmar boréal : Le planeur expert. Ressemble à une mouette mais avec des narines tubulaires distinctives. Son vol est plus rigide et majestueux.
  • Guillemot de Troïl : Le « pingouin » de l’Atlantique. Noir et blanc, il se tient très droit sur les corniches, souvent en colonies extrêmement denses.
  • Mouette tridactyle : Une mouette élégante au bec jaune sans tache et aux pattes noires. Elle niche en colonies très bruyantes sur les parois verticales, son cri ressemblant à « kitti-weik ».
  • Guillemot à miroir : Plus petit que son cousin de Troïl, il est reconnaissable à sa grande tache blanche sur l’aile, visible même au repos. Il préfère les éboulis rocheux.

Ouvrir les yeux à cette diversité transforme votre observation. Vous ne voyez plus une masse d’oiseaux, mais une société complexe et organisée. Chaque espèce a sa place, sa technique de vol, son cri. C’est la véritable essence de l’opéra naturel islandais.

En comprenant ce calendrier et en choisissant le bon lieu, vous ne vous contentez plus de « voir des macareux ». Vous vous connectez à un rythme ancestral, celui de la vie, de la mort et de la migration. Votre voyage prend alors une toute autre dimension. Il ne vous reste plus qu’à choisir votre saison et à préparer vos jumelles, ou simplement vos yeux grands ouverts.

Questions fréquentes sur l’observation des oiseaux en Islande

Que voir si j’ai raté la saison des macareux ?

En automne/hiver, observez les espèces sédentaires comme les fulmars boréaux, mouettes tridactyles, eiders à duvet, et avec de la chance, le harfang des neiges près des côtes.

Pourquoi les macareux quittent-ils l’Islande ?

Après la reproduction, ils partent en pleine mer dans l’Atlantique Nord où ils passeront 8 mois, ne revenant sur terre qu’au printemps suivant pour nicher.

Les dates d’arrivée sont-elles fixes chaque année ?

Non, les macareux arrivent généralement entre mi-avril et fin avril selon les années et les conditions météorologiques, d’abord sur la côte sud.

Rédigé par Benoît Rocher, Benoît Rocher est un géographe et guide d'aventure avec 15 ans d'expérience sur le terrain, spécialisé dans les environnements volcaniques et glaciaires. Sa connaissance intime des paysages islandais en fait une référence pour comprendre les forces de la nature.